Le 8 mars, Journée internationale de la femme, il y a eu des manifestations et des grèves partout dans le monde contre le sexisme. Cette semaine, des grèves pour le climat auront lieu dans plus de 40 pays. En Belgique, 3 des 6 centrales FGTB ont déposé un préavis de grève. Le sexisme et l’écologie semblent être deux thèmes complètement différente, mais nous y voyons une ressembance notamment dans les méthodes d’action. Il y a des manifestations de masse et le débat sur les grèves est de plus en plus présent.
Les pénuries dans des sociétés riches exercent des pressions sur la planète et assure la division
Aujourd’hui, nous vivons dans une société où des pénuries chroniques apparaissent, d’une part, et une richesse incroyable, d’autre part. En 2017, 82 % de toute la richesse produite est allée aux 1 % les plus riches. Un monde où les 26 personnes les plus riches possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale et où les 100 plus grandes multinationales sont responsables de 71% des émissions mondiales depuis 1988. Cela provoque bien sûr un énorme mécontentement social, d’une part d’énormes richesses s’accumulent et d’autre part, un puits profond se crée. Mais ce n’est pas seulement une grande partie de l’humanité qui est poussée vers la pauvreté ou qui y est piégée sans espoir. La nature est également dévastée par la soif de profit du capitalisme. La multinationale ExxonMobil a récemment déclaré que d’ici 2025, elle prévoit d’augmenter sa production de pétrole et de gaz de 2017 de 25 % malgré les protestations massives contre le climat.
Dans de nombreux pays africains, le changement climatique alterne entre différentes formes de phénomènes météorologiques extrêmes. En conséquence, les récoltes sont de plus en plus mauvaises, ce qui entraîne famine et mouvements de population. Les pénuries augmentent ainsi que les tensions sociales. Dans les sociétés où les déficits sont importants, les discriminations se renforcent car chacun doit essayer de garantir leur survie. Dans de nombreux endroits, les femmes n’ont pas le droit de posséder des terres en raison de leur rareté. Cela les rend totalement dépendantes de leur père et/ou de leur mari. De plus, dans de nombreux pays, elles ne peuvent plus aller à l’école ou à aucune autre activité mais sont responsables de l’approvisionnement en eau de la famille. Dans certains cas cela signifie qu’elles doivent marcher plus de 5 heures pour y arriver. Dans de nombreux cas, des femmes sont mariées en échange d’une dot : ce qui pousse certaines familles à marier leurs filles à un très jeune âge afin de survivre. La lutte contre le changement climatique fait partie de la lutte contre tout ce qui ne va pas dans ce système et jouera un rôle important pour l’émancipation des femmes dans le monde néocolonial. Tant qu’il y aura des pénuries dans la société, les discriminations continueront d’être bien présentes.
Un autre phénomène présent dans le monde néocolonial est l’énorme exploitation par les multinationales de travailleurs payés avec des salaires très bas et vivant dans de mauvaises conditions de travail. Les hommes gagnent trop peu, les femmes encore moins. En raison de la quasi-absence de sécurité sociale, les familles nombreuses sont importantes pour la survie et pour obtenir le plus de salaire possible dans une famille. Et il n’y a non plus pas ou très peu de réglementation en ce qui concerne les émissions de gaz et la pollution. Dans le monde néocolonial, les multinationales ont un énorme pouvoir. Les gouvernements corrompus sont soutenus par l' »aide au développement » pour créer un réseau clientéliste de personnes locales ultra-riches, loyales et dépendantes des multinationales occidentales.
Méfiez-vous des faux amis !
Tant dans la lutte contre le changement climatique que dans la lutte contre le sexisme, le néolibéralisme utilise des méthodes pour nous faire croire que quelque chose est réalisé alors qu’en réalité le problème s’aggrave. Le Greenwashing, par exemple, est une méthode utilisée par les entreprises pour mieux vendre leurs produits en les rendant plus écologiques. McDonald’s, par exemple, aime se présenter en tant qu’entreprise soucieuse de l’environnement alors que leurs élevages (parfois en sous-traitance) sont responsables du déboisement massif dans la forêt amazonienne et de la pollution dans cette région. D’autre part, nous assistons également à de nombreuses tentatives de tirer profit de la consommation durable. Ces produits sont souvent plus chers, mais ils sont vendus parce qu’ils sont plus durables, du moins en apparence ; café équitable, produits biologiques, etc. Mais nous voyons aussi le déni du problème. ExxonMobil subventionne la recherche et les groupes de réflexion depuis les années 1950 pour dissimuler le lien entre le changement climatique et l’activité humaine.
C’est aussi le cas du sexisme. D’une part, nous voyons des entreprises qui se comportent comme des « féministes » en fabriquant des variantes « féminines » de produits pour faire plus de profits. Cela ne fait qu’approfondir la distinction entre les hommes et les femmes. Ou des politiciens comme Alexander de Croo qui a écrit un livre sur le féminisme, mais qui applique une politique libérale obligeant un grand nombre de femmes à travailler à temps partiel pour un maigre salaire, réduisant les services publics, la sécurité sociale, etc. Il y a aussi des couches qui nient le sexisme en affirmant que les hommes et les femmes ont aujourd’hui des droits égaux, en tout cas en Belgique, et que le sexisme ne peut donc plus être un problème.
Sous le capitalisme, on ne peut offrir de » solutions » à ces 2 problèmes qu’en opposant des groupes de travailleurs les uns contre les autres sans apporter de progrès structurels. L’introduction d’une taxe sur le kérosène, par exemple, pour augmenter le coût du transport aérien, est une solution typique de l’establishment. Cela ne change pas beaucoup le problème structurel et oppose les travailleurs aux élèves manifestants. La FEB s’est ensuite de nouveau servie de cette taxe pour plaider en faveur de l’abolition de l’index, sans quoi les gens n’en ressentiraient de toute façon rien. Cela implique (selon l’establishment) que le pouvoir d’achat des travailleurs est en opposition à une économie durable. Rien n’est plus faux : les mêmes patrons qui font d’énormes profits refusent de donner une prime salariale réelle et sont aussi les mêmes patrons qui refusent d’investir dans une production plus écologique. Dans la lutte contre le sexisme également, le capitalisme ne peut que diviser avec ses solutions. Sous prétexte de libérer la sexualité féminine, le marché libre a transformé les femmes en objets de convoitise pour améliorer la vente des biens. Afin d’éliminer l’écart salarial, on plaide souvent en faveur d’une réduction des salaires des hommes. Et cela est fait au nom du « féminisme » et de la « modernité ». Cette approche dresse les hommes contre les femmes et n’offre pas la possibilité de lutter ensemble contre la position économique secondaire des femmes.
System change
Pour mettre fin au sexisme et au changement climatique, nous avons besoin d’un changement de système. Un système où les profits privés ne sont plus au centre mais bien les besoins de la majorité de la population. Le capitalisme détruit toutes les sources de richesse : l’humain et la nature.
Pour provoquer un changement de système, nous avons besoin que les travailleurs s’unissent en tant que classe. Cela signifie que tous les mouvements qui s’opposent aux conséquences du capitalisme ont besoin de s’unir dans un mouvement contre le système lui-même. Ces mouvements ont une tendance naturelle à le faire. En reprenant les revendications les uns des autres et en faisant preuve de solidarité entre les différents mouvements, nous formons un front plus fort contre les causes des problèmes respectifs : le capitalisme. Nous y intervenons en défendant une alternative socialiste : une société centrée sur les besoins et les exigences de la majorité de la population et sur la base d’une planification démocratique de l’économie.
Tant le mouvement contre le changement climatique que celui contre le sexisme sont des mouvements sociaux qui vont à l’encontre du système dans lequel nous vivons aujourd’hui. Unissons-nous et libérons-nous au niveau international de ce système d’exploitation et de dévastation !