‘‘Féministes’’, tous les partis ? Leur féminisme n’est pas le nôtre !

Sous la pression de #MeToo et des actions internationales à l’occasion du 8 mars, les politiciens doivent défendre une forme de féminisme.

L’accord de gouvernement Michel stipulait : ‘‘La meilleure prise en compte du genre dans l’emploi sera une des pierres angulaires du gouvernement.’’ Pourtant, dès son arrivée au pouvoir, les attaques du gouvernement ont déferlé sur les travailleurs : réforme des pensions, sauts d’index, extension des flexi-jobs,… autant de mesures qui poussent de nombreuses femmes dans la précarité.

Sous la pression de #MeToo et des actions internationales à l’occasion du 8 mars, les politiciens doivent défendre une forme de féminisme. Les grandes déclarations ne manquent pas quant à la nécessité de lutter contre les violences, le sexisme et les discriminations. Dans la pratique, c’est une autre histoire. Le débat sur la sortie de l’avortement du code pénal belge a donné lieu à de vives discussions au sein de la majorité. Le compromis voté est insuffisant, l’avortement restant un délit si une série de conditions restrictives n’est pas remplies.

Quand la NVA parle de ‘‘féminisme’’, elle ne le fait que pour soutenir son discours raciste anti-musulman avec des envolées médiatiques sur le voile, le burkini,… sans jamais défendre le droit des femmes à s’habiller comme elles l’entendent. Elle ne parle pas non plus de la pauvreté des femmes ou encore de la difficulté de combiner travail et vie de famille. Son objectif : utiliser les frustrations pour nous diviser. Quitte à également renforcer l’extrême-droite.

Pour la droite libérale, le ‘‘féminisme’’ est avant tout un moyen de faire passer ses mesures d’austérité. Tout en plaidant pour un congé de paternité renforcé, le MR propose un ‘‘congé parental plus souple dans le respect de la concertation entre le travailleur et l’employeur.’’ Traduction: plus de pression sur les travailleurs qui devraient négocier individuellement leur congé. De même, Maggie De Block (OpenVLD) veut limiter le recours à l’écartement du travail des femmes enceintes car ‘‘ce n’est pas une maladie’’. Elle est prête à mettre notre santé en jeu pour faire quelques économies.

La politique menée par le gouvernement attaque l’ensemble des travailleuses et des travailleurs ainsi que leurs familles, mais systématiquement plus durement les femmes. Ce sont, ainsi, en premier lieu elles qui subissent le plus la réforme des pensions, alors que déjà deux-tiers des pensionnés vivants sous le seuil de pauvreté aujourd’hui sont des femmes. De même, la généralisation des contrats précaires a des conséquences particulièrement dramatiques pour les femmes, majoritaires dans les secteurs à bas salaires. Le détricotage des services publics et des soins de santé réduit leur efficacité et leur accessibilité ; la charge des soins aux personnes s’alourdit pour les familles et particulièrement pour les femmes.

Au lieu de défendre une société qui prenne en charge collectivement les soins par la création de crèches publiques, maisons de repos, services publics de soins à domicile,… les partis traditionnels veulent augmenter la ‘‘solidarité’’ se limitant aux familles. Ainsi le CDH propose de ‘‘créer un droit au congé grand-parental qui permettrait de soulager occasionnellement les parents’’.

Et les PS et Sp.a ne font pas mieux. Si parmi leurs propositions, on retrouve l’individualisation des droits sociaux, la gratuité de l’accueil extra-scolaire, le salaire minimum à 14€/h,… leurs années de gouvernance au Fédéral et dans les Régions ont démontré qu’il ne s’agit là que de discours électoraux.

Pour les partis traditionnels, le ‘‘féminisme’’, c’est une féminisation des élites, avec l’idée que les femmes dirigeantes défendent automatiquement les intérêts de toutes les femmes. Les sociaux-démocrates et les partis verts se concentrent sur l’augmentation de la représentativité des femmes dans les assemblées élues au travers de quotas. De Croo (Open VLD) plaide pour un tiers de femmes au Comité de Direction de la Banque Nationale.

Notre féminisme n’est pas celui qui défend les privilèges des femmes des classes dirigeantes, c’est celui qui défend les intérêts des femmes de la majorité de la population. Celui qui lutte pour de meilleurs salaires et pensions pour toutes et tous ainsi que des investissements publics dans les services et les soins. Notre féminisme lutte contre l’austérité. C’est celui qui oppose les 99% – femmes et hommes – qui se battent pour une vie décente au 1% prêt à tout pour augmenter leurs profits.


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