Comme beaucoup d’étudiantes, d’étudiants et de cercles de l’ULB, nous pensons que ce genre de chanson n’a rien à faire sur les campus (ni ailleurs!). Le début du texte « J’ai longtemps démoli son corps… » illustre que la chanson ne parle pas de relation sexuelle, mais de violences sexuelles. La suite continue de glorifier ouvertement le non-consentement. Plusieurs étudiants ont pointé que ce genre d’ « humour » était à prendre à la légère et s’étonnent que cela ne choque « que » maintenant alors que ce n’est pas le premier texte sexiste a apparaître dans le folklore étudiant, à l’ULB en particulier.
La lutte contre le sexisme et les violences est à l’ordre du jour !
Depuis quelques années, des mouvements massifs de femmes ont vu le jour, particulièrement sur la question des violences sexuelles et du droit des femmes sur leur corps : USA, Inde, Pologne, Argentine, Turquie, Brésil… Aux États-Unis, les Million’s Women Marchs contre Trump ont permis dans un premier temps de freiner le président. Plus récemment, cela a donné la confiance à beaucoup de femmes d’Hollywood de prendre la parole contre le harcèlement sexuel, les viols, les propos sexistes et la culture du viol ambiante… Cette vague de dénonciation a traversé les frontières. #Metoo et de #Balancetonporc, tout comme la déferlante suite à l’affaire de De Pauw créé un certain espace pour que les victimes puissent s’exprimer et réaliser qu’elles ne sont pas seules.
Stop à la culture du viol ! Stop à l’utilisation du corps des femmes comme des objets !
L’opposition aux chansons glorifiant les violences sexuelles n’est pas basée sur la frustration. La culture du viol banalise les violences sexuelles envers les femmes et tend à culpabiliser ces dernières. Elle s’appuie sur l’utilisation du corps des femmes comme des objets de marketing et sexuels dans des publicités, le porno, mais aussi dans les chansons. Cela facilite la perpétuation des violences sexuelles en propageant des conceptions et attitudes qui tendent à les tolérer, les excuser voire les approuver.
En Belgique, on dénombre chaque jour 8 plaintes pour viols et 9 pour attentats à la pudeur (alors que seuls 10% des victimes portent plainte). Difficile de trouver des chiffres concernant le milieu estudiantin belge, mais aux États-Unis, entre 20 %2 et 25 %3 des étudiantes sont victimes de viols ou de tentative de viol au cours de leur étude (sans compter celles qui ne parlent pas).
Luttons contre la précarité !
La position économique secondaire des femmes dans la société favorise également les violences à leurs encontre. De plus, la précarité freine beaucoup de femmes à s’exprimer en la matière et même à quitter une situation de violence : sur le lieu de travail de peur de perdre leur emploi, à la maison par manque d’indépendance financière,…1. Cette même précarité offre le terreau sur lequel l’entreprise promouvant la prostitution étudiante « Rich Meet Beautiful » voudrait faire du profit en déployant leur publicité aux abords de l’ULB.
La campagne pour la manifestation du 25 novembre contre les violences sexistes doit être l’occasion d’initier un débat ouvert et large pour réfléchir ensemble à la façon de combattre le sexisme sous toutes ses formes dans les universités et ailleurs, mais aussi sur la manière dont on peut construire une lutte pour combattre la précarité étudiante.
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Notes
1 http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2014/04/30/31003-20140430ARTFIG00281-couple-si-j-avais-un-meilleur-salaire-je-ferais-mes-valises.php
2 http://etudiant.lefigaro.fr/international/actu/detail/article/les-agressions-sexuelles-concernent-une-etudiante-sur-cinq-aux-etats-unis-9890/
3 http://www.slate.fr/lien/26953/universite-viol-femmes