‘‘C’est bon de vivre en Flandre. Nous sommes une nation prospère, sûre d’elle, avec une riche tradition et un avenir prometteur’’, déclare l’accord de gouvernement flamand. Cependant, pour ceux qui continuent de lire, il devient vite évident que la majorité de la population se retrouvera une fois de plus dans le dénuement avec cet accord. Pour la majorité des femmes aussi, il est synonyme d’une nouvelle détérioration de leur quotidien, de limitation de leur indépendance, de dégradation de leur bien-être,…
Sous la pression des mobilisations féministes en Belgique et ailleurs dans le monde, qu’il serait erroné de sous-estimer, des thèmes tels que ‘‘genre’’ et ‘‘lutte contre les discriminations’’ sont de plus en plus discutés dans les instances gouvernementales. A la suite de ces mobilisations, l’accord de coalition mentionne un certain nombre de passages où il est question de genre, de violence sexuelle, etc. On ne trouve toutefois malheureusement aucune des revendications progressistes et socio-économiques des travailleurs et des jeunes descendus à plusieurs reprises dans la rue ces derniers mois et ces dernières années.
#MeToo ignoré
Suivant l’exemple du Vlaams Belang, l’accord de coalition présente le sexisme comme un problème causé par l’immigration. Pour ce gouvernement, la lutte contre les violences sexistes se résume à la ‘‘prévention des mariages forcés, des crimes d’honneur et des mutilations génitales féminines’’, soit à des formes de violence liées à ‘‘d’autres cultures’’. Une telle approche ignore les nombreux témoignages de #MeToo, qui ont pourtant très clairement démontré que les violences sexistes sont avant tout la conséquence des rapports de force inégaux, causés par des situations économiques précaires.
Des étudiants et élèves du secondaire se sont mobilisés en Flandre en faveur d’une véritable éducation sexuelle (en tenant compte du consentement mutuel, de l’orientation sexuelle, de l’identité de genre ; avec des espaces de discussion composés de classes plus petites ; etc.). Mais ça aussi est ignoré. L’accord de coalition parle exclusivement d’éducation sexuelle dans le contexte de la politique étrangère. En présentant le sexisme comme exclusivement lié à une culture spécifique, le gouvernement flamand détourne la lutte contre le sexisme pour promouvoir le racisme et légitimer l’absence de mesures sociales (comme des investissements importants dans l’enseignement).
Le sexisme est caractéristique de cette société
Le sexisme est inhérent à la façon dont est organisée notre société. La violence sexiste n’est pas distincte des problèmes tels que le fossé salarial entre femmes et hommes, le travail non-rémunéré que représentent les tâches ménagères, l’objectification et la marchandisation du corps des femmes, etc. Tout cela est également à l’origine de profits importants pour les capitalistes.
L’accord de coalition ne propose pas de créer des conditions matérielles permettant aux femmes d’échapper à des situations précaires et d’avoir un véritable contrôle en toute indépendance sur leur corps et leur vie. Au contraire, alors que de nouvelles mesures d’austérité sont à attendre au niveau fédéral, l’accord de coalition flamand constitue une nouvelle grave atteinte aux droits sociaux, aux services publics, aux soins de santé, etc. Des économies sont ainsi réalisées sur les allocations familiales (à partir du 3ème enfant), ce qui exerce une pression supplémentaire sur les familles. Le statut des fonctionnaires est encore limité et les listes d’attente concernant le logement social restent sans solution.
Le gouvernement flamand se prétend opposé au sexisme, mais ses mesures antisociales s’attaquent à l’émancipation des femmes. Combiner d’une part un programme progressiste comprenant des mesures concrètes et des investissements pour lutter contre le sexisme et d’autre part la défense des intérêts des riches et donc faire payer la crise aux travailleurs, c’est impossible. Rompre avec cette politique d’austérité antisociale est absolument nécessaire. Battons-nous pour une société qui défend les intérêts de la majorité de la population, et non ceux des possédants ! Alors s’ouvrira la perspective d’une véritable émancipation des femmes.