En Belgique, 81% des victimes considèrent que la justice n’a pas joué son rôle face à une agression. Ce chiffre est colossal, d’autant plus qu’en matière de condamnation des agressions à l’encontre des femmes, la loi belge est relativement complète. En effet, depuis 2014, le harcèlement de rue est condamnable. Le viol quant à lui est un crime, en ce compris entre époux, et ce depuis 1989. Contrairement à de nombreux pays, le consentement en Belgique doit être explicite. La réalité nous tend cependant une image bien moins rose…
Viols d’étudiantes de l’académie des beaux-arts : accusé acquitté
Un professeur âgé de 50 ans a été acquitté de faits de viol et d’attentat à la pudeur par le tribunal correctionnel de Liège, alors qu’il avait initialement été condamné par défaut. Aujourd’hui cet homme a été blanchi par la justice et ce malgré les preuves accablantes (photos, textos,…) ainsi que le témoignage de deux de ses victimes et d’une série de membres de l’Académie affirmant qu’il n’en était pas à son coup d’essai. Cet homme utilise depuis des années son statut de professeur au sein de l’Académie pour demander à certaines de ses étudiantes de réaliser des fantasmes prétextant le ‘‘lâcher prise’’ présent dans le milieu de l’art…
Le tribunal l’a malgré tout acquitté au bénéfice d’un doute relatif au consentement des victimes. Mais l’une des victimes explique que la justice semble confondre état de sidération et consentement. Malgré un contexte aussi révélateur que fait-on des lois mises en application afin de tenter de protéger les femmes victimes de violences ? Que fait-on de la loi relative au consentement qui affirme que celui-ci doit bel et bien être explicite ? Ces lois ne sont apparemment pas suffisantes.
Refusons la banalisation des violences envers les femmes !
Au-delà de l’académie, l’ampleur du phénomène indique clairement qu’il ne s’agit pas d’une multitude de cas isolés, mais d’un profond problème de société véhiculé par la culture du viol constamment imposée et instrumentalisée par le capitalisme. Les femmes sont considérées comme des citoyens de seconde zone. Au-delà de l’objectivation de leurs corps, elles se retrouvent bien souvent dans une position sociale inférieur – et à fortiori lorsqu’on est étudiantes (ou étudiants) avec des profs qui ont un impact important sur notre avenir professionnel – ce qui peut nous coincer dans une situation de violence. De même, les travailleuses, souvent plus précaires que leurs homologues masculins, peuvent difficilement quitter une situation de violence au travail sachant qu’il est difficile de trouver un nouvel emploi et que les conditions pour obtenir une allocation de chômage sont toujours plus restrictives. Le sexisme, comme le racisme, l’homophobie, la transphobie et toutes les autres formes de discrimination, nous divise dans les luttes pour une société qui pourrait répondre davantage aux besoins de l’ensemble de la population dans sa diversité.
Face à ce constat les luttes ont explosé ces dernières années et ce partout dans le monde. Ces mouvements changent profondément la façon dont les couches plus larges de la population considèrent le sexisme et les inégalités en général. Nous sommes forcés de constater que les lois sont certes nécessaires, mais elles sont loin d’être suffisantes pour un changement en profondeur de notre société. Lutter contre l’oppression spécifique des femmes passe par une lutte contre les bases matérielles de celle-ci : la précarité (bas salaires, manque de services publics…), le sexisme comme instrument pour faire du fric et nous diviser. Les revendications contre l’oppression des femmes rejoignent donc celles du mouvement des travailleurs et travailleuses dans son ensemble : lutter pour une société gérée collectivement et démocratiquement pour répondre au mieux aux besoins de toutes et tous.
- Luttons pour des investissements publics dans la prise en charge des victimes, pour un refinancement public du secteur social, pour des investissements publics dans la création de refuges pour les personnes qui en ont besoin, pour la formation des travailleurs de terrain.
- Luttons pour une réelle politique publique de prévention.
- Luttons pour l’indépendance économique des femmes, pour des emplois stables correctement rémunérés. Pour un salaire de minimum 14 €/h
- Luttons contre l’objectivation de la femme.