Invité au sein de la webradio indépendante Arts-Mada le 7 avril dernier, Fabien Lecoeuvre, producteur, chroniqueur et spécialiste de la chanson française s’en est pris violemment à la chanteuse Hoshi.
“Je parle de manière générale pour les chanteurs : quand est-ce qu’on va nous sortir des beaux mecs ou des filles sublimes?” avant de rajouter : “Quand vous regardez Hoshi, par exemple qui a un talent incroyable, indiscutable, mais enfin, vous mettez un poster de Hoshi dans votre chambre, vous? Mais elle est effrayante”. Le producteur lui reconnaît du talent mais suggère “qu’elle donne ses chansons à des filles sublimes”.
Suite au relai massif sur les réseaux sociaux et à la vague d’indignation qu’ont suscité ces propos, le producteur a maladroitement présenté ses excuses sur Twitter : “Bonsoir Hoshi, Mille excuses pour ces propos maladroits sortis de leur contexte et qui ont pu te blesser. Je relatais simplement une différence d’époque où les maisons de disques et les publics faisaient beaucoup plus attention aux physiques des artistes qu’aujourd’hui”
La réponse de la chanteuse ne s’est pas faite attendre : “Mais c’est une blague en fait ? Vous êtes encore en train de parler de mon physique. Hallucinant. C’est à cause de gens comme vous que des jeunes abandonnent leur rêve, pas à cause des maisons de disque”.
Certainement dans une industrie comme celle de la musique, ou du cinéma, le physique des femmes est décortiqué, utilisé pour vendre un produit artistique. Le talent devient alors un aspect presque secondaire pour les maisons de disque, ou même les chroniqueurs comme Fabien Lecoeuvre. L’époque qu’il décrit dans son tweet n’est malheureusement pas révolue, la preuve dans son comportement, mais également dans la pression toujours exercée par les maisons de disque envers tout un tas d’artistes, particulièrement pour les femmes, pour correspondre à des clichés relayés également dans la publicité, la mode, la cosmétique, et la pornographie, entre autres. Le sexisme et le harcèlement sont bien présent dans les secteurs artistiques, comme l’ont révélé des intitiatives comme #BalanceTaMajor.
Nous n’acceptons pas les remarques sexistes !
Ce genre de remarque sexiste est inacceptable ! La Campagne ROSA soutient la chanteuse Hoshi face à ces attaques sexistes qui visent à la réduire à un simple physique agréable à regarder, en faisant passer son talent artistique à l’arrière plan. Cela impacte la chanteuse Hoshi personnellement mais également toutes les femmes qui peuvent se ‘reconnaître’ dans ces propos et se sentir jugées, attaquées, invisibilisées à travers ce genre de déclaration.
La Campagne ROSA se bat aux côtés des femmes pour que ce genre de propos sexistes ne soient ni acceptés, ni banalisés, que ce soit dans l’industrie musicale, dans le secteur des arts et culture et dans tous les secteurs de travail en général.
Nous vivons dans une société où le corps des femmes est régulièrement soumis à des réflexions, des avis et des évaluations. Qu’importe leur fonction, et qu’importe l’énergie qu’elles y mettent, les femmes sont constamment réduites à leur apparence, comme si cela était la condition pour être entendues et validées.
NON à l’objectification du corps des femmes !
C’est le quotidien que vivent de nombreuses femmes, que ce soit sur leur lieu de travail, dans la rue ou au sein de leur propre famille. Cela découle d’injonctions comme ‘soit belle et tais-toi’, qui à leur tour découle de la place de seconde zone qu’on réserve aux femmes, qui sont en majorité dans des secteurs sous payées, sous considérés (comme le secteur du ‘care’), invisibilisés.
Cette place de seconde zone n’est pas accidentelle, mais bien une conséquence de la nécessité pour le système capitaliste de faire des économies/du profit sur le dos des femmes (à travers la double tâche au sein des familles, travail domestique gratuit, ou bien salaires encore considérés comme ‘d’appoint’, c’est à dire en supplément de celui des hommes au sein de la famille).
L’objectification constante du corps des femmes à travers la publicité, les médias, la pronographie… accentue également l’idée qu’une femme n’a de valeur que de par son physique, ou des ‘services’ qu’elle peut dispenser.
S’organiser pour combattre le sexisme !
- Contre le harcèlement, les remarques sexistes, et toute forme d’oppression sur les lieux de travail la Campagne ROSA appelle les femmes à se syndicaliser, mais aussi à la création de syndicats combattifs dans les secteurs où ceux-ci sont inexistants, comme dans celui des arts et culture, malheureusement encore aujourd’hui peu syndicalisé.
- La Campagne ROSA appelle également les syndicats à faire des campagnes de conscientisation sur ces problématiques. Cela enverrait le message clair que les attitudes sexistes ne sont pas acceptables sur les lieux de travail.
- La Campagne ROSA milite pour des cours d’éducation sexuelle dans les écoles qui puissent entre autres soulever le problème du sexisme et des violences le plus tôt possible. Il faut revendiquer plus de prévention, mais cela doit être lié à la revendication d’un refinancement public de l’enseignement et également à un refinancement public du secteur social.
- Le combat contre le harcèlement et les attitudes sexistes doit être lié à des revendications permettant une meilleure utilisation de l’espace public pour toutes et tous : plus de transports en commun, plus de lieux de loisirs publics,… encadrés par du personnel formé et en nombre suffisant.
En luttant contre le capitalisme, ROSA lutte contre le #sexisme. La Campagne ROSA est une campagne féministe socialiste, qui revendique un changement de système afin de se libérer des chaînes du profit, et de la division, qui permet aux capitalistes d’assoir leur pouvoir sur les 99% de la population mondiale, dont la moitié sont des femmes. Nous voulons faire passer le bien être de toutes et tous avant le profit, pour que toutes et tous puissent faire les choix de vie qu’elles/ils désirent, et ne plus êtres considéré.e.s par leur physique mais bien par leurs talents, leurs envies, ce qui les définit en tant qu’être humains.