Le 12 mars aura lieu la journée nationale de lancement de la campagne ROSA, pour ‘‘Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité’’. Il s’agit également d’une référence à la révolutionnaire Rosa Luxemburg (1871-1919), partisante déterminée du socialisme et à la militante américaine des droits civiques Rosa Parks (1913-2005) qui, en refusant de céder sa place à un blanc dans un bus du Sud des Etats-Unis en 1955, est devenue un symbole du combat contre la ségrégation. Ces figures constituent une source d’inspiration pour la poursuite de la lutte pour les droits des femmes. Nous en avons parlé avec Aisha Paulis, l’une des initiatrices de la campagne ROSA.
Pourquoi lancer cette campagne ?
“L’égalité entre homme et femme est toujours loin de s’être imposée. Alors que, dans les années 1990, certains pouvaient entretenir l’illusion que la lutte était terminée et que l’égalité était acquise, le constat général aujourd’hui est que c’est loin d’être le cas. Qui plus est : dans plusieurs pays, les droits des femmes subissent de sévères attaques. Et la politique d’austérité, qui touche tous les travailleurs et allocataires sociaux, pousse encore plus de femmes dans la pauvreté et la dépendance.
“L’instabilité politique actuelle ouvre la voie à toutes sortes de populismes de droite qui peuvent engranger de bons résultats électoraux en l’absence de forces de gauche puissantes défendant les revendications du mouvement ouvrier. Il suffit de voir Trump aux USA mais aussi Wilders ou Le Pen, plus près de chez nous. Cela stimule toutes sortes de groupes réactionnaires, à l’exemple du lobby anti-avortement. Dès les premiers jours de sa présidence, Trump a frontalement attaqué le droit à l’avortement aux USA. Mais, avant même d’avoir presté serment, il s’est heurté à des protestations de masse. Les manifestations qui ont eu lieu au lendemain de son entrée en fonction officielle, le 21 janvier, ont été les plus grandes de l’histoire des Etats-Unis. Les femmes étaient à l’avant-plan de ces actions.
“Ce fut le cas aussi en Pologne contre l’opposition au durcissement des conditions d’accès à l’avortement, en Argentine contre le harcèlement et les violences sexuelles ou en Islande pour l’égalité salariale. Ces luttes sont une inspiration. Il nous faut construire des instruments de lutte contre le sexisme en Belgique aussi. Une nouvelle mobilisation est prévue le 8 mars aux USA…
“Un appel a été lancé pour 2 journées de grève contre Trump, dont le 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes. La solidarité internationale est un aspect important. Nous nous inspirons par exemple fortement de la campagne ROSA menée en Irlande, qui lutte activement pour obtenir le droit à l’avortement dans ce pays. En Belgique, nous proposons avant tout de lutter contre l’austérité et contre le sexisme quotidien.
“Le sexisme est un problème terrible et souvent sous-estimé. Violences dans les écoles, remarques sur l’habillement, harcèlement sexuel (70% des femmes de plus de 35 ans ont déjà été victimes de harcèlement sexuel), violences dans la famille (1 femme sur 7 a subi de graves violences intra-familiales) sont différents aspects de ce sexisme omniprésent dans la société.
“Pour ROSA, la lutte contre l’oppression de la femme est liée aux luttes contre toutes les discriminations : racisme, homophobie,… et à la lutte contre les politiques d’austérité qui stimulent ces divisions, en laissant la majorité de la population se battre pour se partager les miettes laissées par les 1% les plus riches. Construire l’unité des 99% dans la lutte est essentiel pour en finir avec cette oppression. Cela demande que chaque groupe (femmes, sans-papiers, LGBT,…) ait l’espace de développer ses exigences spécifiques dans les mouvements plus larges. Un des objectifs de la campagne ROSA est de participer à l’élaboration de l’attention pour les revendications des femmes au sein des mouvements sociaux en Belgique.’’
Que penses-tu de l’attitude du gouvernement envers les femmes ?
“Le gouvernement utilise une fausse position féministe pour répandre son idéologie réactionnaire et raciste. Sa politique attaque frontalement les conditions de vie des femmes. L’augmentation de l’âge de la pension, l’hyperflexibilité, la chasse aux chômeurs,… touchent l’ensemble des travailleurs et allocataires mais ce sont les femmes qu’on retrouve en première ligne.
“De plus, 43 % des femmes travaillent à temps partiel contre 7,8 % des hommes. Avoir une carrière complète pour avoir droit à une pension complète devient impossible. Plus de la moitié des pensionnées perçoivent moins de 1.000 euros par mois. D’autre part, le démantèlement des services publics touche plus durement les femmes car ce sont elles qui prennent le plus souvent soin des enfants et des personnes plus âgées dans la famille.
“Cette politique antisociale renforce le fait de devoir dépendre d’un partenaire. Il est plus difficile de s’en sortir sans dépendre de quelqu’un. Cela stimule la division et le sexisme. Le gouvernement prétend défendre les femmes ? Qu’il commence d’abord par sortir de la pauvreté les milliers de femmes condamnées à la pauvreté à cause de sa politique ! ”
“Avec ROSA, nous voulons participer à la construction du mouvement anti-austérité. Mais également discuter de la nécessité d’une alternative à ce système qui ne défend que les intérêts des plus riches : lutter pour une société qui se base sur les besoins et les capacités de la majorité, une société socialiste. ”
Quels sont les projets de ROSA ?
“ROSA est une campagne lancée par le PSL. Nous voulons participer au débat et lancer des propositions sur la manière d’organiser la lutte ainsi que combattre toutes les discriminations à travers des actions et des meetings. Pour nous, entrer en action est le meilleur moyen de défendre notre programme. Nous soutenons ainsi l’appel de féministes de divers horizons à manifester le 8 mars prochain à Gand contre le sexisme.
“Nous voulons monter des comités ROSA dans les écoles et les unifs, inciter les travailleuses à s’organiser au sein des syndicats, de sorte qu’ils y consacrent une plus grande attention. Nous voulons défendre et construire un programme et une approche spécifique : un féminisme socialiste.”