4. Contre les discriminations

LUTTONS CONTRE TOUTES LES FORMES DE DISCRIMINATIONS.
TOUT CE QUI NOUS DIVISE NOUS AFFAIBLIT !

discriminationsNous avons déjà abordé les différentes discriminations auxquelles les femmes sont confrontées, mais ces dernières ne sont pas le seul groupe victime de discriminations, de préjugés et de violences. Selon une étude du conseil de l’Europe, les actes islamophobes sont en hausse en Europe et près de 80% d’entre eux sont commis à l’encontre de femmes. C’est aussi le cas pour les actes homophobes qui ont lieu au rythme d’un tous les deux jours selon SOS – homophobie (en 2014, en France). Le racisme en général croît lui aussi. Tout cela s’illustre par une montée en puissance du populisme de droite et de l’extrême droite dans les sondages et dans les résultats électoraux (le FN en France, le FPO en Autriche, etc.).

Ces dernières années, les politiciens des différents partis traditionnels ont pris l’habitude d’utiliser des positions faussement féministes pour mener une offensive idéologique raciste. En pointant du doigt la communauté musulmane et l’Islam, ils veulent faire croire que le sexisme n’est lié qu’à certaines cultures et n’existe presque plus dans les pays occidentaux.

Après les attaques sexistes du Nouvel An 2015/2016 à Cologne, l’ensemble de la classe politique européenne ainsi que les médias se sont empressés de pointer du doigt les demandeurs d’asile et les réfugiés. En Belgique, le secrétaire d’État à l’Asile et la Migration, Theo Francken (N-VA), avait alors lancé l’idée d’un “Cours de respect de la femme” pour les demandeurs d’asile. En visant les migrants comme responsables, ils nient le sexisme omniprésent, partout dans le monde : harcèlement, violence physique en rue et à la maison, violence morale, … De cette manière, ils ne doivent pas remettre en cause leurs politiques d’austérité qui renforcent la position secondaire de la femme dans la société et ainsi le sexisme.

ROSA appelle à l’organisation d’actions et de campagnes dénonçant toutes les formes de discriminations (sexisme, racisme, homophobie, transphobie,…) ainsi qu’à construire une réelle unité des jeunes et des travailleurs dans la lutte. Ne laissons pas l’espace à la droite populiste et à l’extrême droite d’utiliser les frustrations existantes dans la société pour diffuser leur politique réactionnaire! ROSA appelle à l’organisation d’actions pour dénoncer les actions et meetings tenus par ces organisations ainsi que pour construire l’opposition face à elles.

sexismeHomme/Femme, d’origine belge ou immigrée, hétéro/LGBTQI, étudiant/travailleur, Wallon/Flamand/Bruxellois,… nous avons tous les mêmes intérêts : s’assurer que les richesses produites permettent à chacun de mener une vie décente et non pas de servir seulement les profits d’une petite minorité. Pour y parvenir, nous avons besoin d’une lutte unifiée pour défendre nos conquêtes sociales face à ces gouvernements qui mènent l’austérité et face au patronat qui sacrifie nos emplois sur l’autel de leurs profits. Répondre au sexisme par le racisme, c’est diviser les mouvements de lutte, affaiblir nos forces face aux discriminations, à l’austérité et au système capitaliste qui en est la cause.

« Diviser pour mieux régner » est une vieille rengaine pour ces politiciens au service des 1% les plus riches. Dénonçons l’instrumentalisation du féminisme dans le cadre d’une campagne d’islamophobie et raciste. Luttons ensemble contre toutes les formes de discriminations.

Régulièrement, des politiciens des partis traditionnels défendent l’idée que le féminisme fait partie intégrante des « valeurs occidentales » qui doivent être protégées contre l’influence des autres cultures et religions. Pourtant, les violences sexistes sont un phénomène mondial, indépendant de la culture ou de la religion : selon l’ONU, dans le monde entier, une femme sur cinq sera victime de viol ou de tentative de viol au cours de sa vie ; selon l’Agence européenne des droits fondamentaux, plus d’une sur cinq femmes a subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part d’un partenaire dans l’Union européenne (en 2014) .

Cette violence envers les femmes sous ses diverses formes (agressions sexuelles, harcèlement de rue ou au travail, violence conjugale, viol, violence psychologique, humiliations, …) est liée au fonctionnement même du système qui ne laisse qu’une place secondaire aux femmes dans la société. De plus, elle est renforcée par toutes les mesures d’austérité qui poussent encore plus de femmes dans la pauvreté et la dépendance économique.

L’hypocrisie des politiciens traditionnels est claire : d’une main, il pointe du doigt les migrants comme les responsables du sexisme et des agressions sexuelles ; de l’autre, ils diminuent les budgets pour l’accueil et le soutien aux victimes en réduisant les budgets pour le secteur social.

Il est, en effet, facile de pointer un groupe ou une communauté – déjà opprimé – comme responsable de la majorité des problèmes dans la société, y compris le sexisme. Pourtant, qui est responsable du manque d’emplois ? Les réfugiés ou les patrons des multinationales qui licencient massivement ainsi que les politiciens qui les protègent ? Qui est responsable du manque de sécurité ? Les jeunes immigrés ou le désinvestissement structurel dans l’enseignement, le travail social et de quartier, l’éclairage de nuit, les transports en commun,… organisé par les politiciens de l’ensemble des partis traditionnels ? Qui est responsable de la baisse de notre pouvoir d’achat ? Les femmes qui portent le voile ou ces politiciens qui nous obligent à travailler plus, plus longtemps dans des conditions plus dures tout en gelant nos salaires et imposant des sauts d’index ?

Ne nous laissons pas avoir : le gouvernement Michel – ainsi que l’ancien gouvernement Di Rupo – n’a rien de féministe. Alors qu’il mène une offensive frontale contre les travailleurs dont les femmes sont grandement victimes, il se cache derrière des lois faussement progressives pour justifier sa politique. La lutte contre le sexisme passe aussi par une lutte unifiée contre l’austérité !

discriminations femmesLes politiciens traditionnels profitent de la colère et de la frustration provoquées par la crise économique – et le fonctionnement du système en général – pour développer leurs idées réactionnaires. En effet, de moins en moins de personnes ont accès à une école de qualité et réellement gratuite, un emploi avec un salaire décent, un logement abordable,… Le manque de perspectives pour y accéder entraine une lutte et une compétition féroce parmi les couches les moins aisées de la population pour se partager les miettes laissées par la classe dirigeante.

Les partis établis utilisent des boucs émissaires pour masquer leurs responsabilités dans ces pénuries. En France, alors que le gouvernement voulait faire passer en force la Loi travail et était confronté à un mouvement social combattif et d’ampleur, le gouvernement est parvenu à détourner l’attention en sortant de son chapeau l’inutile débat sur le burkini. Mis à part les questions «d’ordre public» et de lutte contre le terrorisme, le respect des droits des femmes et la promotion de la laïcité ont été des prétextes majeurs derrière ces interdictions du burkini en France. Mais ces lois ne permettent pas aux femmes de choisir ce qu’elles veulent porter ou non, elles favorisent la division.

Dans les écoles belges, sous couvert de lutter contre la pression sociale exercée sur les filles, l’interdiction du port du voile est de plus en plus généralisée. Cependant, beaucoup de filles portent le voile volontairement, régulièrement comme un signe de leur identité. L’interdiction du voile stigmatise la communauté musulmane en ignorant tous les autres problèmes sociaux de la société.

De plus, croire que cette interdiction sera bénéfique aux plus faibles est une illusion. Cela n’a en rien fait disparaitre la pression sociale qui existe sur certaines (jeunes) femmes. Elle conduit surtout à un isolement encore plus grand pour celles qui seront envoyées dans une école religieuse ou scolarisée à la maison. Si on doit certainement se battre contre l’obligation du port du voile, nous devons avec autant de force nous battre contre l’interdiction du port du voile. C’est aux femmes à décider ce qu’elles veulent porter ; c’est à la société de s’assurer qu’elles aient réellement les moyens de pouvoir choisir : accès à un emploi et à un salaire suffisant (avec ou sans foulard), accès à un logement, accès à un enseignement de qualité, …

Ainsi, si toute la clique politicienne se met en avant pour « défendre les droits des femmes » quand il s’agit du port du voile, elle disparait quand il s’agit de défendre les droits des femmes à un travail bien payé, à des services et soins de qualité et accessibles, à un logement abordable, … En résumé, à tout ce qui est nécessaire pour construire une vie indépendante au cours de laquelle il est possible de faire ses propres choix. C’est en luttant ensemble contre ces politiques d’austérité que nous pourrons réellement défendre les acquis des femmes et en gagner des nouveaux.

#Il n’y a pas de capitalisme sans racisme

# C’est au système qu’il faut s’en prendre pas à ses victimes !

Répondre au sexisme et à la violence sexuelle par du racisme, ce n’est pas une solution. Nous devons coupler la lutte pour le droit des femmes à la lutte contre les problèmes intrinsèquement liés au capitalisme et qui nous touchent tous. Le chômage structurel, les listes d’attente pour les logements sociaux, l’enseignement qui devient de plus en plus cher et qui baisse en qualité, les banques alimentaires qui rencontrent un succès croissant, le problème climatique et environnemental, etc.

Nous voulons éradiquer le sexisme et le racisme, mais on ne pourra y parvenir qu’au travers d’un programme orienté vers la création d’une société qui se base sur les besoins et les capacités de chacun, et non pas sur les profits d’une minorité. Cela exige une lutte collective, sans distinction d’origine, de genre, d’orientation sexuelle ou de religion. Le racisme et le sexisme nous divisent et affaiblissent donc notre lutte pour une autre société.

Les revendications de ROSA :

• Contre l’instrumentalisation du féminisme dans le cadre d’une campagne d’islamophobie et raciste. Seuls les patrons et leurs politiciens ont intérêt à ce que leurs victimes soient divisées.
• Pour le droit de porter le voile ; pour le droit de ne pas le porter.
• Pour une lutte unitaire contre l’austérité et contre toutes les discriminations.
• Il n’y a pas de capitalisme sans sexisme, racisme, homophobie, transphobie, etc. Pour l’unité des travailleurs et des jeunes, hommes et femmes, belges, immigrés ou sans-papiers, dans la lutte contre le système qui ne sert que les intérêts d’une minorité de super-riches.

Suite : Pour la solidarité internationale