IL N’Y A PAS D’ÉMANCIPATION DES FEMMES SANS SOCIALISME ;
IL N’Y A PAS DE SOCIALISME SANS ÉMANCIPATION DES FEMMES !
Quand nous parcourons ce programme, en regardant ce qu’il faut pour améliorer la vie des femmes et faire progresser leur émancipation, nous tombons toujours sur les mêmes obstacles, intrinsèquement liés à la nature du système capitaliste.
Pour répondre au problème du sexisme, la proposition la plus offensive des partis traditionnels consiste à se reposer sur une loi pénalisant les individus tenant des propos sexistes. Mais en même temps, ces mêmes politiciens laissent faire et défendent les entreprises qui nous bombarder tous les jours avec leur objectification du corps féminin! Et en ce qui concerne la protection contre la violence sexuelle, seuls 4% des plaintes pour viol aboutissent effectivement à une condamnation, alors qu’il n’y a déjà que 10% des victimes qui portent plainte .
Ce dont nous avons besoin, c’est de développer les conditions matérielles qui vont permettre aux femmes de pouvoir poser de réels choix et de vivre décemment. Pour obtenir des conditions de travail décentes pour tous et ainsi en finir avec la position secondaire des femmes sur le marché de l’emploi; pour défendre les services publics qui permettraient de combiner vie professionnelle, familiale et loisirs et ainsi mettre fin à la double journée de travail des femmes, ces dernières doivent d’autant plus être partie prenante de la lutte contre les attaques menées par le patronat et les politiciens qui les défendent.
Mais cela n’est pas suffisant. Il est nécessaire de lutter contre ces idéologies réactionnaires diffusées dans la société. Les discriminations et les préjugés servent à diviser la majorité de la population dans la lutte contre les 1% de super-riches dont les intérêts sont au cœur des préoccupations des gouvernants. La lutte contre les discriminations doit donc passer par une lutte contre les instruments idéologiques qui sont entre les mains des grandes entreprises et de leurs grands actionnaires, tels que les médias dominants.
Dans le monde néo-colonial, les multinationales et les puissances impérialistes – en ce compris les organisations internationales telles que la Banque Mondial, le FMI ou encore l’ONU – jouent un rôle dévastateur et n’apporte que misère pour la majorité de la population ; cette une lutte d’ampleur à laquelle s’attellent les femmes. Nous soutenons toutes les luttes qui vont dans l’intérêt de la majorité des femmes – les travailleuses, les paysannes, les femmes pauvres dans le monde.
Comme l’Histoire nous le démontre, le seul moyen d’arracher de nouveaux acquis sociaux c’est par la lutte. Mais l’Histoire nous montre aussi qu’aucun acquis n’est définitif. Dès que les mouvements sociaux sont en pause, les conquêtes sociales sont attaquées et/ou ne sont appliquées que partiellement.
Pour obtenir des changements fondamentaux, nous devons nous débarrasser du capitalisme, dont le fonctionnement est à la base de l’oppression des femmes et de l’exploitation de la majorité de la population. La division en classes de la société et le sexisme sont deux phénomènes qui s’entremêlent et se renforcent.
Tout comme ils profitent de la surexploitation des travailleurs immigrés, des travailleurs du monde néo-colonial, etc., les capitalistes tirent des profits de la surexploitation des femmes sur le marché de l’emploi grâce aux bas salaires, mais aussi à travers les services et les soins non rémunérés fournis par les femmes au sein des familles (« le travail domestique »).
La plus faible position des femmes dans la société pousse à une division qui peut opposer une moitié de la classe ouvrière à l’autre. En effet, les mauvais salaires et les moins bonnes conditions de travail de nombreuses femmes sont utilisés pour exercer une pression vers le bas sur les salaires et les conditions de travail de l’ensemble des travailleurs. L’oppression de la femme et le sexisme qui en découle font partie de l’ADN du système capitaliste et sont profitables aux plus riches.
Chaque acquis obtenu par les luttes peut être repris si la pression n’est pas maintenue. Et si nous voulons obtenir les conditions pour une réelle émancipation des femmes, c’est le système en entier qu’il faut changer pour construire une société orientée vers les besoins de la majorité et non pour les intérêts des 1% qui exploitent actuellement les 99%.
Ce n’est donc pas par hasard que nous avons choisi le centenaire du début de la Révolution russe – la révolution de février 1917 ayant débuté par une mobilisation de femmes à Petrograd contre la faim et la guerre à l’occasion de la journée internationale des femmes – pour lancer ROSA. Bien qu’il faille tirer les leçons de la dégénérescence bureaucratique et autocratique de l’URSS ainsi que du recul des droits des femmes qui a accompagné la stalinisation, nous devons constater que jamais une société n’a fait de tels bonds en avant sur le terrain de l’émancipation des femmes.
En effet, durant les premières années qui ont suivi la révolution, d’énormes avancées ont été réalisées non seulement en matière de la légalisation de l’égalité homme-femme, d’accès au divorce, du droit à l’avortement, de la stricte séparation de l’État et de l’Église, mais aussi en ce qui concerne le développement d’une réglementation du travail protégeant la maternité, à travers des mesures pour lesquelles nous sommes le plus souvent encore en train de lutter actuellement en Belgique et ailleurs. Des services permettant aux femmes de s’éduquer, de développer leurs talents, de s’impliquer dans la gestion de la société ont également été mis sur pied malgré un contexte difficile dans une société économiquement arriérée et détruite par la guerre.
La démocratie ouvrière permettant d’impliquer l’ensemble de la population, y compris les femmes, dans les processus de prises de décisions importantes pour la population est une nécessité pour le développement d’un système alternatif au capitalisme.
Pour défendre les acquis des femmes, mais surtout en obtenir de nouveaux, nous défendons la nécessité d’une lutte anticapitaliste et socialiste qui soutient les revendications spécifiques des femmes. Nous plaidons également pour le développement des idées anticapitalistes et socialistes au sein des mouvements défendant les droits femmes afin de construire le mouvement d’unité nécessaire avec l’ensemble de la classe ouvrière pour changer de société.
Les revendications de ROSA :
• Pour une société où la production est orientée vers les besoins de la population, plutôt que vers les profits de quelques-uns.
• Pour l’implication du plus grand nombre d’hommes et de femmes dans la gestion démocratique de la société par la collectivisation des secteurs clés de l’économie.