Les conditions entravant la capacité de notre société à faire face à un tel risque sanitaire sont les mêmes que celles qui se perpétuent et renforcent la position de subordination des femmes : des services publics mal équipés et en sous-effectif ; un marché du travail avec des secteurs en expansion constante imposant des bas salaires, des contrats et des statuts précaires ; un secteur social ainsi qu’un secteur de la santé sous-financés obligeant les travailleurs et travailleuses de moins en moins nombreuses à effectuer des tâches sans cesse en augmentation ; un marché du logement dans lequel les augmentations des loyers ne sont pas suivies par des augmentations de salaires,…
Un changement de plans
La campagne ROSA avait un agenda chargé pour les semaines à venir : journée internationale de lutte pour les droits des femmes, journée de l’égalité salariale, conférence nationale ROSA et EGA, première discussion pour une action Pro-Choix face à l’action contre l’avortement (avec la mal nommée « Marche pour la vie » prônant une politique qui conduit à une plus grande mortalité chez les femmes partout dans le monde), … Mais comme pour tout le monde, cet agenda est contrecarré par la propagation de la pandémie du Covid19.
Toutefois, cela ne signifie pas que nos revendications socialistes-féministes sont devenues moins importantes ou secondaires. Au contraire, la crise du coronavirus met un doigt extrêmement douloureux sur les pénuries d’une société qui a été soumise à un programme d’austérité néo-libéral pendant 40 ans. Les conditions entravant la capacité de notre société à faire face à un tel risque sanitaire sont les mêmes que celles qui se perpétuent et renforcent la position de subordination des femmes. Des services publics mal équipés et en sous-effectif ; un marché du travail avec des secteurs en expansion constante imposant des bas salaires, des contrats et des statuts précaires ; un secteur social ainsi qu’un secteur de la santé sous-financés obligeant les travailleurs et travailleuses de moins en moins nombreuses à effectuer des tâches sans cesse en augmentation ; un marché du logement dans lequel les augmentations des loyers ne sont pas suivies par des augmentations de salaires,…
Pour combattre efficacement la pandémie, une société qui prend collectivement soin de chaque personne est nécessaire
Les revendications que défend la Campagne ROSA montrent aujourd’hui plus que jamais leur utilité, au moins du point de vue de la santé publique. Cependant, pour les gouvernements de ce pays – et le prochain gouvernement fédéral ne fera pas exception – la santé publique n’est pas leur priorité. Ce qui prime pour eux, c’est ce qu’ils appellent « les intérêts de l’économie », c’est-à-dire, selon eux, les intérêts des actionnaires des grandes entreprises. La crise du coronavirus montre maintenant à quel point cette politique néolibéral nous a empêché de faire face à une telle crise sanitaire dans de bonnes conditions.
Etre gouvernés par des politiques qui continuent de faire passer les intérêts des entreprises en premier signifie également que les mesures indispensables pour contenir la pandémie – et ses conséquences – ne sont pas prises. Les cours sont suspendus, mais les écoles restent ouvertes pour que les gens puissent aller travailler, de sorte que la mesure perd immédiatement son utilité. Toutes les activités de loisirs sont suspendues pour éviter l’infection, mais les gens doivent continuer à travailler dans l’industrie et les services, même s’ils ne sont pas nécessaires pour combattre la crise et alors que cela met directement leur santé et celle de leur entourage en danger uniquement pour le profits des entreprises.
La société est incapable de réduire un tel risque pour la santé parce que la « société » ne décide pas de ce qui doit être produit, comment, où, … et surtout dans quel but. Si les travailleuses et les travailleurs ordinaires, les jeunes, les chômeurs et les retraités, … décidaient collectivement, les gels antibactériens et les masques de protection ne deviendraient pas dramatiquement plus chers et inaccessibles en cette période de grand besoin. Nous déciderions d’en produire davantage.
Nous déciderions également de l’arrêt du travail non essentiel, afin de s’adapter aux nouveaux besoins provoqués par la crise du Covid19 : déploiement massif de personnel supplémentaire dans le domaine de la santé et des soins aux personnes âgées, travail social, élaboration de plans de crise pour sortir les plus pauvres de la rue – les sans-abri, les sans-papiers, … – de leur environnement nocif et leur offrir une protection, un plan d’approvisionnement et de soins aux personnes qui sont obligées de rester chez elles, avec une priorité pour la population âgée.
Nous déciderions certainement aussi que toutes les raisons pour lesquelles les gens vont travailler lorsqu’ils sont malades – contrats précaires, bas salaires qui ne permettent pas de perdre de l’argent pour cause de maladie, … – doivent être combattues. Au contraire, tous les gouvernements de ces dernières décennies ont lutté contre le soi-disant « absentéisme », créant un climat dans lequel les malades sont considérés comme des profiteurs paresseux. Nous allons maintenant en payer le prix dans la lutte contre la pandémie.
Mais nous ne décidons pas. Seule une petite minorité de détenteurs de capitaux détient le pouvoir ; les grands actionnaires des grandes entreprises qui, l’année dernière, en Belgique seulement, ont envoyé 172 milliards d’euros vers des paradis fiscaux. Leur seul but en contrôlant les moyens de production est d’utiliser les profits pour accroitre leur capital de manière encore plus monstrueuse qu’à l’heure actuelle . La monstruosité est-elle une exagération ? Non, c’est plutôt un euphémisme ! Les 1% les plus riches ont plus de deux fois la richesse cumulée des 6,9 milliards de personnes les plus pauvres !
Afin de lutter le plus efficacement possible contre la pandémie, il faut donc déployer toutes les forces productives dans l’intérêt de la santé publique. Cela permettrait de répondre collectivement aux besoins de chaque individu. Pourtant, nous sommes face à une politique qui continuera à faire passer, autant que possible, les intérêts des entreprises en premier et à répercuter le coût de la crise sur la majorité de la population. Il semble évident que cette politique augmentera le nombre de décès dus à la pandémie.
Les nouveaux projets de la Campagne ROSA
Nous avons décidé d’annuler la Marche contre le sexisme du 14 mars à Gand, jour de lutte pour l’égalité salariale. La campagne ROSA faisait donc partie de la série d’organisations culturelles, d’écoles, d’institutions, … qui n’ont pas attendu les décisions tardives et timides des gouvernements flamand et fédéral pour prendre leurs responsabilités. Tout notre programme est bouleversé et nous demandons un peu de patience à nos membres et sympathisants. Nous essaierons autant que possible d’adapter nos actions et nos discussions à la situation actuelle.
Gardez le 28 mars libre ! Au lieu d’annuler notre conférence, nous proposerons une version numérique alternative de discussions. Nous examinons actuellement ce qui est envisageable, la manière de rendre cette version interactive, en tenant compte des différentes langues (ROSA étant une campagne nationale et même internationale) … Vos idées et propositions sont évidemment les bienvenues !
Le 8 mars, nombreuses étaient les personnes à nous avoir fait savoir qu’elles souhaitaient discuter avec nous. C’est pour cela que nous désirions organiser des Cafés ROSA, des moments de rencontre où faire connaissance avec la Campagne ROSA. Ils se tiendrons désormais de manière virtuelle. Si vous voulez y participer, faites-le nous savoir !
De nombreuses personnes sont contraintes de passer beaucoup de temps à la maison. Un moment idéal pour lire. La Campagne ROSA a fait un update de son programme avant le 8 mars, c’est une première recommandation de lecture ! Vous trouverez sur notre site web toute une série d’articles sur des sujets variés. Mais c’est aussi le moment idéal pour jeter un coup d’œil au nouveau site web et à la page Facebook de ROSA International Socialist Feminists, une initiative visant à mettre en place un réseau international de campagnes et d’organisations défendant un féminisme socialiste. Il s’agit là d’un site web où les articles peuvent être écrits dans d’autres langues que le français, mais beaucoup d’entre nous ont peut-être plus de temps pour parcourir un article à l’aide d’un outil de traduction…
Si vous souhaitez nous aider à poursuivre le combat d’une manière différente au vu des circonstances actuelles, vous pouvez le faire de plusieurs manières en discutant avec nous et en vous impliquant dans l’organisation de ses actions et discussions et en mobilisant.
Pour nous, cependant, l’annulation de nos activités publiques les plus importantes signifie également que beaucoup de frais ont déjà été engagés, alors que les revenus que nous tirons de ces activités diminuent considérablement. Si vous soutenez nos idées et souhaitez nous aider à renforcer notre action, faites un don – aussi petit soit-il – ou mieux encore un ordre permanent mensuel bancaire, vers le compte de ROSA. Un ordre permanent de 20 euros/mois est pour nous une avancée importante pour avoir un revenu fixe. Tous nos sympathisants ne peuvent certainement pas se le permettre, mais le même résultat est obtenu avec deux ordres permanents de 10 euros/mois ou quatre de 5 euros/mois ou dix de 2 euros/mois.
Numéro de compte de ROSA : BE54 5230 8095 8497 (BIC: TRIOBEBB) Communication : « Soutien ROSA + Nom + Prénom »