¡ Es ley ! L’avortement légal en Argentine remporté grâce à la lutte !

Cette victoire sans précédent est le résultat d’un mouvement féministe de masse phénoménal et tenace qui a accumulé les manifestations, les occupations, les grèves,… Des millions de personnes sont descendues dans la rue pour réclamer de manière combative et sans compromis un avortement sûr, légal et accessible à toutes celles qui en ont besoin.

Le Sénat argentin vient d’approuver la loi pour l’interruption volontaire de grossesse jusqu’à 14 semaines, avec 38 voix pour, 29 contre et une abstention. Quelle victoire, l’année 2020 se termine bien ! C’est la preuve encore une fois, que seule la lutte paie !

Cette victoire sans précédent est le résultat d’un mouvement féministe de masse phénoménal et tenace qui a accumulé les manifestations, les occupations, les grèves,… Des millions de personnes sont descendues dans la rue pour réclamer de manière combative et sans compromis un avortement sûr, légal et accessible à toutes celles qui en ont besoin.

Des milliers de personnes avaient encore bravé les interdictions de rassemblement pour attendre le résultat et assurer un dernier coup de pression sur le Sénat. Ce n’est pas la première fois cette année que les masses sortent dans la rue en Argentine. Ce fut encore le cas en août dernier, contre les conséquences du confinement imposé sur la précarité, contre la crise économique et contre les réformes du système judiciaire du président Fernandez.

C’est une année importante pour tous les peuples d’Amérique latine. Ce fut une année caractérisée par la crise économique, par la crise sanitaire, par les politiques austéritaires de la classe dominante, mais aussi par les mobilisations de masse et une répression digne des dictatures latinos.

Après le referendum pour changer la Constitution gagné au Chili, après les élections remportées par le MAS en Bolivie malgré une tentative de coup d’Etat, après des manifestations de masse en Colombie et en Équateur, c’est au tour de l’Argentine de remporter une victoire importante pour toutes les femmes de la classe opprimée. En effet, en Amérique latine, l’avortement n’est réellement légal qu’à Cuba, en Uruguay, dans la ville de Mexico, dans l’Etat mexicain de Oaxaca et en Guyane… et maintenant, en Argentine !

Ce que revendiquent les féministes argentines depuis plusieurs décennies, c’est un droit fondamental mais pas seulement : « Une éducation sexuelle pour pouvoir décider, la contraception gratuite pour ne pas devoir avorter, l’avortement légal pour ne pas mourir » (1). L’avortement est un privilège de classe s’il n’est pas légal. « Selon le gouvernement, entre 370 000 et 520 000 avortements clandestins sont pratiqués chaque année dans le pays de 44 millions d’habitants, où 38 000 femmes sont hospitalisées pour complications lors de ces opérations. » (2) Nombreuses sont celles qui en meurent, qui en restent traumatisées, blessées. Mais encore plus nombreuses sont celles qui n’ont pas pu avorter.

Il y a celles qui ne voulaient pas d’enfants à ce moment-là, avec cette personne-là, mais elles n’avaient pas assez d’argent pour acheter un moyen de contraception. Il y a celles qui savaient pertinemment qu’elles n’auraient pas les moyens d’élever un enfant, qu’il grandirait dans la précarité et la misère. Il y a celles qui ont été violées mais qui n’ont pas eu le choix que de garder l’enfant.

Pouvoir élever un enfant en lui donnant ce dont il a besoin est également un privilège de classe. La volonté des féministes argentines et la nôtre, a toujours été de pouvoir réellement choisir. Choisir d’avoir un enfant ou pas, choisir quand on le veut, choisir avec qui on le veut. Quand on n’a pas l’argent pour la contraception ni pour subvenir aux besoins de l’enfant, tout devient plus compliqué, le vrai choix n’existe pas réellement.

Nous avons besoin de vraies mesures et d’investissements publics massifs : contraception gratuite ; crèches gratuites ; avortement légal et gratuit ; accès gratuit à l’enseignement ; cours sur le consentement, le genre et les relations à l’école ; augmentation des salaires et du salaire minimum ; diminution collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires,…

Nous savons déjà qu’avec la loi votée aujourd’hui « un établissement de santé pourra se déclarer “objecteur” (de conscience) mais il aura l’obligation d’orienter la patiente vers un autre établissement »(3). Il est aussi question d’un “plan des mille jours” qui « entend également “renforcer l’accès aux soins pendant la grossesse et lors des premières années de vie d’un enfant” pour les familles en situation de vulnérabilité financière »(4). Le mouvement féministe devra donc encore se battre pour que, dans la pratique, l’avortement soit accessible à toutes, réellement gratuit et en toute sécurité. Avec la pandémie qui ravage et affecte de manière disproportionnée la classe ouvrière et les pauvres, avec les discriminations contre les femmes et les violences sexistes qui s’aggravent dans ce contexte, nous avons besoin d’un féminisme qui soit résolument anticapitaliste et socialiste.

Cette lutte est exemplaire et aura un impact international. Elle montre qu’il est possible d’arracher des victoires à la droite conservatrice. Elle nous montre également comment mener la lutte pour le droit à l’avortement. C’est dans toutes les sphères de la société que s’est construit le mouvement, dans les écoles, les quartiers, dans la rue, avec des manifestations de masse depuis 30 ans, des grèves, des assemblées,… Le mouvement féministe a pris les meilleurs instruments du mouvement ouvrier pour gagner cette lutte. Après le referendum gagné en Irlande en 2018, c’est un autre pays qui nous montre qu’il s’agit d’une lutte fondamentale et internationale.

Les travailleuses étant surreprésentées en première ligne dans les soins de santé, l’éducation, le nettoyage et l’alimentation dans le monde entier, il est clair que la classe ouvrière, les jeunes, les personnes de couleur et les femmes pauvres continueront à être en première ligne de la lutte des classes et des luttes féministes dans les mois et les années à venir, comme nous l’avons vu de manière si inspirante en Argentine.

Organisons-nous dans chaque pays pour que la loi soit appliquée partout, gratuitement et jusqu’à 18 semaines. Combattons également le système capitaliste qui ne pourra jamais être féministe ! Construisons une alternative à ce système, une alternative sans discriminations, sans sexisme, sans racisme, sans profit. Une alternative socialiste !

1) Educación sexual para decidir, anticonceptivo para no aborta, aborto legal para no morir.
2) https://www.francetvinfo.fr/societe/ivg/argentine-le-congres-adopte-la-loi-legalisant-l-avortement_4238209.html
3) https://www.rtbf.be/info/monde/detail_l-argentine-legalise-l-avortement-apres-un-vote-historique?id=10663311
4) https://information.tv5monde.com/terriennes/argentine-une-loi-sur-la-legalisation-de-l-avortement-nouveau-devant-les-parlementaires


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ROSA organise des actions, des événements et des campagnes pour combattre le sexisme et le système qui l’entretient : le capitalisme.