L’avortement est un droit, pas un jeu politique !

La législation actuelle autorise l’avortement en Belgique jusqu’à 12 semaines après la conception.

Il existe aussi un délai de réflexion obligatoire de 6 jours après la première consultation. Ces délais sont identiques à ceux de la première loi sur l’avortement de 1990. En 2018, l’avortement a finalement été (en grande partie) supprimé du Code pénal.

Depuis lors, l’avortement est un droit et non plus un crime toléré. Après 12 semaines, l’avortement n’est autorisé que dans des cas exceptionnels où la personne enceinte est en danger de mort ou si l’enfant risque de naître avec de graves handicaps. Si la loi est enfreinte, en pratiquant un avortement en dehors de la période autorisée, des sanctions et des peines sont toujours possibles. Par conséquent, près de 500 de femmes de Belgique se rendent chaque année à l’étranger, principalement aux Pays-Bas, pour avorter.

Aux Pays-Bas, les avortements légaux sont possibles jusqu’à 24 semaines. Le mouvement féministe et les centres d’avortement, soutenus par des experts médicaux, réclament depuis des années un assouplissement de la législation sur l’avortement en Belgique. En 2020, le débat a été mis en avant lors de la formation du gouvernement. Cette question a été utilisée comme enjeu politique envers le CD&V et maintenant que nous approchons de la fin du mandat du gouvernement, les tensions entre les partis au pouvoir autour de cette question reviennent à nouveau.

Parmi les partis de la Vivaldi, les Verts, les Libéraux et les Sociaux-démocrates sont tous favorables à l’allongement de la durée du délai à 18 semaines et à l’abolition du délai de réflexion obligatoire. Seul le CD&V s’y oppose et bloque toute avancée possible. En 2020, un accord de coalition a été conclu à condition qu’il n’y ait pas de vote sur les « questions éthiques » sans consensus préalable entre partis. Ainsi, un éventuel assouplissement de la loi sur l’avortement a été mis en suspens.

Fin janvier, les centres d’avortement flamand Luna vzw et VUB Dilemma ont lancé une nouvelle campagne en faveur de la prolongation du délai à 18 semaines et de la suppression du délai de réflexion. Ce faisant, ils souhaitent également briser certains mythes sur l’avortement. Beaucoup de gens pensent à des grossesses d’adolescentes lorsque l’on évoque l’avortement, mais les chiffres des centres d’avortement montrent qu’à peine 1% de leurs patientes ont moins de 18 ans. Leur patiente moyenne est une femme de 29 ans qui a déjà un ou deux enfants et qui entretient une relation stable. Les centres constatent aussi une augmentation du nombre d’avortements. Comme raisons possibles, ils citent les temps incertains que nous vivons, les conflits internationaux et la vie qui devient de plus en plus chère. Ils demandent également un meilleur accès à la contraception et plus d’informations sur les différentes méthodes de contraception pour tous.

Vooruit a immédiatement pris le train en marche et a proposé de voter une nouvelle loi sur l’avortement, même à court terme. Cela va à l’encontre de la promesse faite dans l’accord de coalition selon laquelle un consensus doit d’abord être atteint entre les partis. Le CD&V souhaite une extension du délai à seulement 14 semaines au lieu de 18 et une réduction du délai de réflexion obligatoire à 2 jours au lieu d’une abolition complète. Ce n’est pas suffisant pour les autres partis. Le débat s’éternise. Les Verts se posent en arbitres et appellent à la « sérénité ». La ministre Tine Van der Straeten (Groen) affirme que « les modifications des lois sur l’avortement sont toujours intervenues dans notre pays après un débat approfondi et serein. » Il s’agit d’un débat qui dure depuis 10 ans et qui n’a donné que très peu de résultats.

Les délais actuels pour l’avortement sont toujours les mêmes depuis 1990. Cette loi était intervenue après 20 ans de lutte du mouvement féministe et de nombreux procès pour avortement. À l’approche des élections, les partis politiques veulent tous se faire passer pour les champions des droits des femmes. Mais les vrais champions des droits des femmes, ce sont celles et ceux qui descendent dans la rue. Ces dernières années, nous avons vu comment, en Amérique latine, le mouvement des femmes, la « Vague verte », a réussi à faire respecter le droit à l’avortement dans plusieurs pays. En Argentine en 2020 et au Mexique en 2023, ce droit a été obtenu, et dans d’autres pays, l’avortement a été dépénalisé. En Irlande, le mouvement féministe a également remporté une victoire pour le droit à l’avortement en 2018.

Le PSL, la Campagne ROSA et EGA appellent à descendre dans la rue pour le droit à l’avortement en Belgique également. Nous lions notre revendication d’un avortement accessible et sans restriction à celle de plus de moyens pour l’accueil et l’éducation des enfants. Aujourd’hui, dans les familles avec enfants, les deux parents doivent travailler à temps plein pour joindre les deux bouts. Dans le même temps, de nombreuses familles monoparentales vivent au niveau ou en dessous du seuil de pauvreté. La situation financière reste l’une des principales raisons pour lesquelles une personne choisit l’avortement. Nous sommes en faveur d’un véritable libre choix, où le choix d’avoir des enfants n’implique pas de risque financier, où le choix de l’avortement n’est pas tabou ou honteux et où il n’est pas nécessaire d’aller à l’étranger pour l’obtenir.


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ROSA organise des actions, des événements et des campagnes pour combattre le sexisme et le système qui l’entretient : le capitalisme.