Luttons contre les féminicides par des mesures féministes socialistes !

Selon un rapport du Conseil Bruxellois de l’Égalité entre les femmes et les hommes, l’autonomie économique et financière moindre des femmes diminue leurs ressources pour s’opposer à des agresseurs.

Depuis 2017, le blog « Stop féminicide ! » a commencé à inventorier les féminicides en se basant sur des articles de presse. Au cours des 6 dernières années, il y a eu au moins 173 victimes de féminicide en Belgique. Fin octobre, Sarah Schlitz, secrétaire d’État à l’Égalité des chances, a fait passer un projet de loi contre les féminicides. S’agit-il d’un véritable soulagement ?

Par Marisa (Bruxelles), article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste

La nouvelle loi définit juridiquement le féminicide et subdivise la question en quatre catégories. L’objectif est de développer des statistiques et un recensement officiel, chose qui jusqu’à présent n’a été réalisé que par les efforts de la société civile. En outre, la loi prévoit des formations pour les policiers et les magistrats ainsi que des protocoles d’évaluation des risques. D’autre part, quand une victime ira porter plainte, elle aura le droit de choisir le genre du policier qui l’interroge. La police se demande déjà comment appliquer cette norme avec à peine un quart des policières dans leurs effectifs !

Ces mesures ne sont de toute évidence pas à la hauteur de l’urgence et de la gravité du problème. Au-delà de leur insuffisance, l’application de ces mesures posera problème dans la pratique en raison du profond sous-financement de la police et de la justice.

Augmenter le nombre de CPVS

L’année dernière, le gouvernement a annoncé un grand projet pour augmenter le nombre des Centres de Prise en charge des Violences Sexuelles (CPVS) : de 3 à 10. Selon un rapport pour l’année 2021, 5 centres ont accueilli 1.662 victimes. Une fois les 10 CPVS installés, on s’attend à ce que la capacité d’accueil soit doublée pour prendre en charge 3.324 victimes par an.

Les CPVS ne couvriront donc même pas la moitié des 8.000 victimes qui portent plainte chaque année, en sachant qu’en réalité, seul un dixième des victimes porte plainte. Répondre aux besoins exige d’au moins tripler ou quadrupler le nombre de CPVS. Nous n’oublierons jamais le cas de cette jeune fille de 14 ans qui s’est suicidée l’an dernier après avoir demandé de l’aide à la suite d’un viol collectif. Elle s’était retrouvée sur une liste d’attente. Nous appelons donc à lutter pour un refinancement public des services d’aide aux victimes ainsi que pour construire des refuges et logements sociaux en suffisance.

La pauvreté augmente les violences sexuelles

La crise Covid a mis en évidence comment la pauvreté engendre et augmente les violences sexuelles. Selon un rapport du Conseil Bruxellois de l’Égalité entre les femmes et les hommes, l’autonomie économique et financière moindre des femmes diminue leurs ressources pour s’opposer à des agresseurs. Le Conseil constate que « certaines populations sont oubliées par le plan de lutte contre les violences faites aux femmes dont les jeunes, les personnes âgées et les travailleuses précaires». Nous rejoignons ce constat ! Nous avons toujours souligné l’absolue nécessité de lutter contre la précarité afin de s’en prendre à la violence sexiste et LGBTQIA+phobe.

Le gouvernement se prétend le grand défenseur des droits des femmes, mais son hypocrisie ne nous échappe pas. Ses dernières reformes, sur les pensions et les crédits temps, représentent des attaques en premier lieu contre les temps-partiels, dont 80% sont des femmes.

A bas la régression sociale !

Les temps-partiels ne pourront plus demander de crédit-temps, il faut au moins avoir travaillé un an à temps plein pour l’obtenir. L’accès à la pension minimum deviendra plus difficile car une nouvelle condition est introduite : 20 années de travail effectif. La conséquence est que les temps-partiels (et donc en grande majorité des femmes) auront des pensions plus basses qu’aujourd’hui et que les périodes de chômage et autres interruptions de carrière ne seront plus prises en compte pour le calcul de la pension. Les femmes gagnent déjà en moyenne 23,1% de moins par an que les hommes. Lorsqu’elles prennent leur retraite, l’écart dans la pension devient de 30% inférieur pour les femmes, et cela va s’agraver avec cette réforme.

Ce gouvernement fédéral attaque les travailleuses qui ont interrompu leur carrière pour soigner les personnes autour d’elles. C’est un gouvernement qui attaque les travailleuses à temps-partiel et à bas salaire. C’est un gouvernement qui attaque les pensionnés, les malades et les jeunes. Il s’agit des publics le plus vulnérables aux violences. Pour toutes ces raisons, nous n’avons aucune illusion ni en Sarah Schlitz, ni au gouvernement dont elle fait partie.

Il faut des mesures qui améliorent concrètement la vie des femmes travailleuses, et de l’ensemble de la classe travailleuse, des mesures féministes socialistes :

  • Investissements publics importants dans la santé, dans l’accueil de la petite enfance, et l’aide aux personnes dépendantes.
  • Hausse du salaire minimum à 15€/h
  • Augmentation de 2€/h pour tous les salaires
  • Réduction collective du temps de travail, sans perte de salaire, avec embauches compensatoires
  • Des pensions convenables pour toutes et tous, et une pension minimum de 1.700€

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ROSA organise des actions, des événements et des campagnes pour combattre le sexisme et le système qui l’entretient : le capitalisme.