Incendies et intimidations anti-Evras : les conservateurs montrent leur vrai visage

Six écoles de la région de Charleroi et une de la région liégeoise ont été victimes de débuts d’incendies tandis qu’une autre école liégeoise était taguée de la menace : «Stop EVRAS sinon c’est vous les suivants».

Six écoles de la région de Charleroi et une de la région liégeoise ont été victimes de débuts d’incendies tandis qu’une autre école liégeoise était taguée de la menace : «Stop EVRAS sinon c’est vous les suivants». La même semaine, le 17 septembre, environ 1.500 personnes ont participé à un rassemblement anti-EVRAS dénonçait la «propagande LGBT et l’idéologie de genre». Un mélange de complotistes, d’intégristes catholiques (Civitas) et musulmans, de groupuscules d’extrême droite et de parents, religieux ou non, victimes d’une campagne de désinformation sur les réseaux sociaux qui a touché jusqu’à la France. Pas moins de 15.000 personnes y ont signé une pétition pour « supprimer la loi EVRAS »… qui ne concerne que la Belgique francophone !  

Dans tout ce milieu, l’Evras n’est souvent qu’un pur prétexte pour des propos anti-LGBTQIA+ et antiféministe. Au rassemblement du 17 septembre, des pancartes visaient des drag-queens ou les personnes transgenres, considérées comme « anormales ». D’autres proclamaient « Ne touchez pas à nos enfants !». Mais aucune ne condamnait les incendies et le traumatisme causé aux enfants. Comment expliquer à un tout-petit pourquoi quelqu’un a mis le feu à son école ? «Protéger les enfants» ? Mais de ces incendies est né le sentiment que l’école n’est désormais plus un lieu sécurisé !

Parmi ceux qui ont eu du mal à condamner les incendies, on trouve Georges-Louis Bouchez. L’amateur de tartes liégeoises et de télé-réalité flamande, par ailleurs aussi président du MR, a mis plusieurs jours à se prononcer sur les réseaux sociaux qu’il affectionne pourtant tellement au quotidien. Et ce ne fut même pas pour s’en prendre aux pyromanes conservateurs : « Qui ne condamnerait pas l’incendie d’écoles ? C’est une évidence. Ceux-ci se déroulent dans des villes socialistes où la criminalité est élevée. » Toutes celles et ceux qui aiment jouer avec l’épouvantail du « wokisme » portent une part de responsabilité politique dans ces événements.

L’Evras: derrière les fantasmes

Depuis cette rentrée, les élèves de 4e secondaire, mais aussi de 6e primaire, devront recevoir deux heures d’animation relatives à l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle, autour de thèmes tels que les droits des femmes, la lutte contre les discriminations, le consentement, l’acceptation de soi, l’épanouissement sexuel, la connaissance de son corps, la déconstruction des stéréotypes de genre… Dans certaines familles, les parents sont aptes à donner les informations qui s’imposent, à répondre aux questions… Mais dans beaucoup de cas, disposer d’un référent extérieur est primordial.

Parmi les détracteur.trice.s de la démarche, beaucoup crient – sans fondement – à la « pédophilie ». Mais soyons clairs, dans les faits, s’opposer à ce genre d’initiative permet justement de protéger les criminels pédophiles. Ces ateliers, reposant sur l’écoute et le dialogue, peuvent grandement améliorer les possibilités de détecter une maltraitance, qu’elle soit sexuelle ou pas.

Finalement, au regard des besoins concrets sur le terrain, ce qui est proposé avec l’Evras, c’est bien peu. Dès le plus jeune âge, il faudrait commencer en abordant la gestion des émotions, la violence dans les écoles entre élèves et bien entendu garantir suffisamment d’espace et de temps pour accompagner les élèves à mesure qu’ils et elles grandissent. Les relations entre enfants sont insuffisamment prises en compte à l’école, et ça ne s’apprend pas avec un cours de math. Pourtant, dès le plus jeune âge, il est nécessaire de réagir, d’expliquer  qu’on ne joue pas à soulever la jupe des filles, de familiariser à la notion de consentement… Prendre ces questions à la légère nourrit notamment la culture du viol.

Nous vivons hélas dans une société qui repose sur le conflit et la violence permanents, le reflet de cette situation dans le harcèlement scolaire et les agressions de toutes sortes est largement ignoré. Tout cela exige des classes plus petites, plus de collègues (y compris pour encadrer les récrés et la garderie), plus de formation, plus de liens avec les associations de terrains… et donc plus, beaucoup plus, de moyens.

Ajoutons encore que si l’éducation sexuelle, relationnelle et affective est si absente de l’enseignement aujourd’hui, c’est une réflexion de la fonction assignée au système d’éducation par la société de classes dans laquelle nous vivons. L’enseignement est avant tout conçu pour répondre aux nécessités économiques capitalistes et à la main d’œuvre que cela exige, non pas pour assurer l’épanouissement de chacun.e.

La meilleure manière de réagir aux intimidations et violence réactionnaires, c’est par la mobilisation sociale. Si les cours d’Evras ont vu le jour, c’est en raison de la vague de luttes féministes de ces dernières années. Les organisations syndicales sont les outils par excellence pour lancer des initiatives pour regrouper dans la lutte parents, personnel enseignant et éducatif, des centres PMS (psycho-médicaux-sociaux) et services PSE (promotion de la santé à l’école), mais aussi plannings familiaux, associations féministes, LGBTQIA+…


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ROSA organise des actions, des événements et des campagnes pour combattre le sexisme et le système qui l’entretient : le capitalisme.