Irlande – #ThisIsNotConsent : Le blâme d’une victime dans un procès pour viol provoque la colère en Irlande

La campagne ROSA en Irlande a appelé à un certain nombre d'actions suite à l'acquittement d'un homme pour le viol d'une jeune femme de 17 ans.

« Est-ce que la preuve écarte la possibilité qu’elle ait été attirée par l’accusé et qu’elle ait été ouverte à rencontrer et à être avec quelqu’un ? Vous devez voir comment elle était habillée. Elle portait un string avec de la dentelle. »

Ces commentaires de l’avocate de la défense Elizabeth O’Connell dans un procès pour viol à Cork ont suscité l’indignation partout en Irlande et sur la scène internationale. L’avocate parlait d’une femme de 17 ans, et sans aucune objection de la part du juge. Ces remarques sont un exemple clair de l’utilisation de mythes sur le viol et du blâme des victimes en audience publique. Et ceci se produit alors que la majorité des viols et des agressions sexuelles ne sont déjà pas signalés et où seulement 10 % des signalements aboutissent à une condamnation.

Protestations dans toute l’Irlande

Sous le hashtag #ThisIsNotConsent, les femmes ont affiché des photos de leurs sous-vêtements. Des manifestations ont eu lieu dans différentes villes d’Irlande très rapidement. À Cork, 500 personnes ont marché jusqu’au palais de justice – où les commentaires ont été faits – beaucoup laissant des sous-vêtements sur les marches et les rampes de l’édifice. 500 personnes ont également manifesté dans le centre de Dublin, 250 à Belfast, 50 à Limerick et 40 à Galway. La plupart de ces protestations ont été lancées à l’initiative de ROSA – un mouvement socialiste féministe, initiative du Socialist Party.

Cette explosion de colère reflète le fait que, de plus en plus, les femmes et les jeunes ne sont plus prêts à accepter les reproches faits aux victimes et la misogynie omniprésente dans la société. En mars/avril de cette année, des milliers de personnes sont descendues dans la rue après l’acquittement de joueurs de rugby d’Ulster lors d’un procès pour viol à Belfast, où des tactiques similaires de blâme de la victime ont été utilisées. Un grand nombre de personnes ont participé activement à la campagne pour le referendum pour obtenir le droit à l’avortement en Irlande.

Il y a deux semaines, des employés de Google à Dublin ont quitté leur emploi pendant quelques heures dans le cadre d’une action mondiale contre le harcèlement sexuel. Ce dernier exemple montre le potentiel qu’ont les travailleurs de s’organiser sur leur lieu de travail pour lutter contre le sexisme, une question que le mouvement syndical doit prendre au sérieux.

String dans le Dáil (parlement irlandais)

Ruth Coppinger, élue parlementaire de Solidarity et membre du Socialist Party, a apporter cette discussion au  sein du parlement lorsqu’elle a interrogé Leo Varadka, exigeant que le gouvernement prenne des mesures contre le blâme des victimes en montrant un string au sein de l’assemblée parlementaire. Il s’agit probablement d’une première dans l’histoire du Dáil. Et les caméras se sont rapidement éloignées de « l’objet offensant ». Cependant, comme Ruth l’a fait remarquer, si c’est incongru de montrer un string au parlement national, ce l’est encore plus pour des sous-vêtements utilisés devant un tribunal comme preuve contre une femme.

L’intervention audacieuse de Ruth a suscité une grande attention de la part des médias nationaux ainsi que les mobilisation qui ont suivi. Fait significatif, cela a également fait l’objet d’une couverture médiatique dans des pays aussi divers que la Nouvelle-Zélande, l’Australie, l’Inde, la Turquie, le Canada, les États-Unis (y compris le New York Times, Newsweek et CNN) et dans de nombreux pays d’Europe.

Grève à l’occasion de la Journée internationale de la femme

Il existe un potentiel pour un nouveau mouvement autour de la question du blâme des victimes et de la violence sexiste. ROSA appelle à de grandes manifestations et à des grèves à l’occasion de la Journée Internationale de lutte pour les droits des femmes en 2019. Nous nous inspirons de l’exemple espagnol, où une « grève féministe » de 2018 a fait sortir des millions de personnes du travail et dans la rue.

Ce mouvement doit absolument revendiquer et lutter pour des changements tels que la formation obligatoire des juges et des jurys dans les cas de violence sexuelle et l’éducation au consentement dans les écoles. Toutefois, le cas de Cork n’est pas un exemple isolé.  Le blâme des victimes et la misogynie sont endémiques dans le système judiciaire, dans l’État et dans la société en général dans un système capitaliste qui porte le sexisme et l’inégalité en son sein. Nous devons construire un mouvement de femmes, de jeunes, de personnes LGBTQI+ et de tous les groupes composant la classe des travailleurs autour d’un programme anticapitaliste et féministe socialiste – qui remet en cause ce système et toutes les injustices qu’il perpétue.

Publié en novembre 2018 sur le site de Socialist Party (organisation-soeur du PSL en Irlande), qui à l’initiative de ROSA – Socialist Feminist (organisation-soeur de la Campagne ROSA en Irlande)

Ruth Coppinger (Elue ‘Solidarity’ dans le parlement irlandais) :

Ruth Coppinger on the Cork Rape Trial

Today I presented a laced thong to the incongruous Dail Chamber, but how do you think the woman feels with it being shown in the incongruous setting of the court?Join the protest tomorrow in Dublin at 1pm at the Spire, and in Cork's Patrick Street, also at 1pm. #ThisIsNotConsentThere needs to be an end to the disgraceful victim blaming and the use of rape myths by barristers in the courts, rape myths which include the use of clothing as 'evidence of consent'. Have a watch of the full exchange here, in which I also highlight the pervasive nature of sexual harrassment at work, and the fact that working class young people are those most affected according to studies available. #MeToo started off highlighting the abuse of powerful, rich men – as Google and McDonalds strikes showed, it now has spread to the workplace. We need to get organised to fight sexism in the courts and in the workplace.

Publiée par Ruth Coppinger sur Mardi 13 novembre 2018

Video de l’action à Cork :

Hundreds march through Cork city to the courthouse where a 17-year old’s underwear was used by the defence barrister when addressing the jury in a rape trial‬.More on this story in our news bulletins across the day…#96FMNews

Publiée par Cork's 96FM sur Mercredi 14 novembre 2018

Video speech de Laura Fitzgerald (membre de ROSA en Irlande) -action à Dublin :

Laura Fitzgerald of ROSA Ireland makes a speech at the End Victim Blaming in the Courts at the Spire in Dublin.

Publiée par Clara Bell sur Jeudi 15 novembre 2018

Video speeches protestactie in Dublin :

#ThisIsNotConsentRally Dublin

Publiée par ROSA – Socialist Feminist Movement sur Mercredi 14 novembre 2018

COVERAGE

Brut :

Irlande : les femmes dans la rue pour protéger la notion de consentement

"Les vêtements ne sont pas un consentement !"Un string en dentelle utilisé en plein procès pour justifier un viol. C'est ce qui a provoqué la colère des Irlandaises, sur les réseaux sociaux et dans la rue. #ThisIsNotConsent

Publiée par Brut sur Jeudi 15 novembre 2018

Now This :

Women Protest Rape Case in Ireland for Victim-Blaming

Women in Ireland are putting their underwear on display to protest a rape case that many considered victim-blaming

Publiée par NowThis Her sur Mercredi 14 novembre 2018


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ROSA organise des actions, des événements et des campagnes pour combattre le sexisme et le système qui l’entretient : le capitalisme.