Face à une pandémie mondiale qui a jusqu’à présent tué des dizaines de milliers de personnes, les républicains texans profitent de la peur et de l’incertitude du public pour accroître le contrôle de l’État et restreindre l’accès aux procédures médicales vitales. Une récente ordonnance du bureau du procureur général du Texas a interdit les procédures d’avortement pendant toute la durée de l’épidémie de COVID-19, qualifiant ce traitement médical vital de « procédure médicale non essentielle ». Cette interdiction « pro-life » est extrêmement hypocrite. Elle intervient la même semaine où le lieutenant-gouverneur républicain du Texas, Dan Patrick, a déclaré que « les personnes âgées devraient être prêtes à mourir pour Wall Street ».
Cette interdiction, une prohibition totale de l’avortement sauf dans le cas où la santé de la mère serait affectée (sans que ce soit défini), est désastreuse et ne peut rester en vigueur. L’accès à l’avortement est essentiel, vital et est restreint dans le temps. Au Texas, le délai qui était déjà court pour avoir droit à l’avortement (seulement 20 jours après la fertilisation) est maintenant totalement éliminé. Les femmes enceintes ne peuvent pas simplement attendre la fin de cette pandémie. Chaque jour, l’interdiction de l’avortement affecte la vie de centaines de Texanes. D’après les données passées, les cliniques du Texas pratiquent près de 1 000 avortements par semaine. Cela signifie que des milliers de Texanes seront forcées de mener à bien leur grossesse ou devront se tourner vers des alternatives dangereuses pour leur santé.
C’est la plus récente des attaques constantes contre l’autonomie corporelle après que des projets de loi sur les battements de cœur (du fœtus) ont été adoptés ces dernières années, qui restreignent l’accès à l’avortement dans plusieurs États, dont le Texas. Alors que les républicains ont poussé ces restrictions de manière agressive, les démocrates n’ont pas réussi à construire une véritable résistance pour contester la droite anti-femmes et anti-travailleur.euses. Des décennies de féminisme des démocrates, favorable aux affaires, n’ont pas réussi à tenir complètement à distance la misogynie et le conservatisme social des républicains, et encore moins à faire avancer les droits des travailleuses.
Le capitalisme a aggravé la pandémie
Alors que la droite tente de justifier l’interdiction de l’avortement comme une réponse nécessaire à la pandémie, il s’agit clairement d’une tentative cynique pour couvrir l’échec de l’establishment à répondre efficacement au virus. Le capitalisme a créé cette crise de santé publique en n’investissant pas dans notre système de soins de santé pendant des décennies, ce qui s’est traduit par un nombre insuffisant de lits, de masques et d’équipements médicaux de base. Aujourd’hui, il cherche à forcer les travailleur.euses, et en particulier les femmes, à payer pour ses échecs par le biais de l’interdiction. Au lieu de cela, il faut une réponse socialiste à la pandémie.
L’assurance maladie pour tous, déjà soutenue par la plupart des travailleur.euses, reçoit un soutien croissant. Un plan de soins de santé universel est essentiel pour assurer la « santé reproductive », à la fois pour prévenir les grossesses non désirées et pour garantir l’accès à un avortement sûr. Les soins de santé pour chaque Américain devraient inclure une éducation sexuelle complète, l’accès aux contraceptifs et permettre l’accès à des avortements sûrs, gratuits et légaux sans restrictions.
Les socialistes veulent également éliminer les obstacles financiers à la création d’une famille. Parallèlement à la lutte pour des soins de santé universels, nous devons nous battre pour un salaire décent, des congés parentaux payés et des services de garde d’enfants gratuits et de qualité afin que les personnes qui veulent des enfants ne soient pas contraintes de faire un choix difficile. Aucune famille ne devrait être empêchée d’avoir des enfants en raison de la pauvreté, mais la droite insiste pour se dire « pro-life » tout en laissant des millions d’enfants sans accès à la nourriture ou aux soins médicaux.
Les travailleur.euses et les femmes peuvent riposter !
L’interdiction a déjà suscité une attention et une condamnation généralisées. Entre autres, l’activiste et star de la télévision Jameela Jamil a retweeté l’information, citant l’interdiction comme un « crime insondable ». Le planning familial et les prestataires de soins de santé ont intenté une action en justice, mais cette longue procédure devant les tribunaux ne suffit pas ! Ce sont les femmes qui s’organisent sur leur lieu de travail et dans la société, et non les arguments juridiques, qui ont gagné le droit à l’avortement. Même pendant cette période de distanciation sociale et d’ordonnances d’hébergement sur place, nous pouvons encore lutter contre la misogynie de la droite.
Des infirmières de Californie et de New York aux travailleur.euses d’Amazon dans tout le pays, les travailleur.euses se sont rassemblés pour lutter pour de meilleures conditions de travail et de meilleurs salaires. Les infirmières du Texas, les travailleur.euses essentiel.les et d’autres travailleur.euses pourraient suivre ces exemples et manifester pour la fin de l’interdiction. Comme le montrent clairement les protestations dans d’autres États, nous pouvons nous battre et manifester en toute sécurité pendant la pandémie.
Enfin, une pétition est un moyen important, dans des conditions de pandémie, pour exprimer et organiser l’opposition à l’interdiction de l’avortement. Il est important de montrer une opposition unie à cette exploitation dégoûtante par les politiciens de droite. Signez la pétition et joignez-vous à la lutte contre l’interdiction de l’avortement !
En fin de compte, cette tentative d’interdire l’avortement est un autre exemple de la raison pour laquelle « la politique traditionnelle » ne suffit pas à répondre aux besoins des femmes et des travailleurs. Nous avons plutôt besoin d’un mouvement de masse organisé, avec une forte composante féministe socialiste, qui lutte pour les soins de santé et les autres besoins des femmes de la classe ouvrière.