Combattons la précarité menstruelle !

Pour un nombre croissant de femmes, les règles ne sont pas seulement un désagrément biologique, mais aussi une charge financière. Une enquête menée par Plan International l’année dernière a montré que plus de la moitié des jeunes femmes âgées de 12 à 19 ans ont des difficultés à payer leurs produits menstruels.

En Belgique, ce serait le cas pour 12 % des femmes âgées de 12 à 25 ans, et pour les filles qui grandissent dans la pauvreté, ce serait même 45 %. En conséquence, jusqu’à 5 % d’entre elles restent parfois chez elles et évitent de se rendre à l’école.

En réponse à ce problème, l’Écosse a choisi de mettre gratuitement à disposition des serviettes hygiéniques et des tampons. C’est le premier pays au monde où l’on peut se procurer ces produits de base dans les pharmacies, les maisons de quartiers et les clubs de
jeunes sans avoir à payer. Cet exemple fait des émules : la Nouvelle-Zélande l’a déjà introduit et, à partir de septembre, les produits menstruels seront également proposés gratuitement en France dans les établissements d’enseignement supérieur.

Les initiatives parlementaires

Chez nous, le PTB a soumis une proposition similaire pour un décret visant à offrir gratuitement des produits menstruels dans les écoles secondaires en Flandre. La proposition n’est pour l’instant soutenue que par Groen et le SP.a. Le Vlaams Belang s’y est opposé
avec l’argument que les écoles sont déjà surpeuplées et que fournir des produits menstruels gratuitement conduirait « à des abus ».

Les autres partis ont fait valoir qu’il s’agit effectivement d’un problème important, mais qu’il existe d’autres moyens de lutter contre la pauvreté. Dans la commune d’Aarschot, la bourgmestre Gwendolyn Rutten (Open VLD) défend l’accessibilité des produits menstruels : « L’accès aux produits menstruels est un droit pour chaque femme. » La commune a investi 9.058 euros dans huit distributeurs qui seront placés dans les écoles et les bâtiments publics. C’est une indication du coût limité de la mesure, les distributeurs automatiques représentant la plus grande dépense. Peut-être la bourgmestre devrait-elle en parler à ses collègues libéraux aux parlements ? Son collègue le Premier ministre De Croo pourrait ainsi peut-être transformer son discours « féministe » en action ?

Du côté francophone, le débat a commencé après les propositions de partis d’opposition comme DéFI et le PTB. Les partis de la majorité PS et Ecolo se disent favorables à la question. Le MR, également au gouvernement, est plus réticent en raison de son opposition au
« principe de gratuité ». Un texte demandant au gouvernement d’étudier l’impact budgétaire et de lancer des projets pilotes avant la fin de la législature a été approuvé par la majorité et le PTB. Les partis d’opposition DéFI et cdH ont voté contre car la proposition manquait d’ambition.

Gand : un premier petit pas en avant

À l’approche du 8 mars, le conseil communal de Gand a annoncé qu’il allait lancer un projet pilote dans quatre écoles, afin de fournir gratuitement des serviettes hygiéniques et des tampons. Il s’agit d’une boîte avec une serrure à code. Seuls les élèves « qui en ont besoin » pourraient l’utiliser en obtenant le code par l’intermédiaire d’un professeur, d’une secrétaire ou d’un confident. Une proposition visant à placer un distributeur automatique accessible dans chaque école a été rejetée précédemment par le conseil communal.

Plusieurs remarques s’imposent : le seuil de demande d’aide en cas de pauvreté est élevé. Ce problème est encore souvent considéré comme un « problème individuel » et non comme un problème collectif, qui concerne la moitié de la population. Pour se manifester,
il faut souvent d’abord surmonter la honte. Un grand nombre de jeunes femmes qui vivent dans la pauvreté ne demanderont pas facilement ce code. Elles entrent dans la catégorie de la pauvreté cachée et sont plus susceptibles de rester chez elles que de
dévoiler leur situation. Si tout le monde a droit à des serviettes hygiéniques et des tampons gratuits, et si tout le monde pouvait utiliser le casier dans les toilettes, alors personne ne devrait ressentir de honte.

Il est également étrange que le conseil communal compte sur ces boîtes pour lui permettre de comptabiliser le nombre d’élèves ayant besoin de cette gratuité. Si les écoles s’appuient sur ces données pour connaître l’origine sociale de leurs élèves, alors nous avons
un gros problème. Il est évident que la précarité menstruelle ne peut être combattue de manière structurelle que s’il existe une réponse à la pauvreté en général.

Ce projet mené dans quatre écoles est trop limité, mais il montre que le conseil communal est sous pression pour faire quelque chose. Le fait que la Campagne ROSA fasse campagne sur cette question depuis un certain temps n’y est pas pour rien. Nous continuerons
à le faire, car la proposition actuelle ignore le fait que les produits menstruels sont un besoin fondamental et non un produit de luxe.


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ROSA organise des actions, des événements et des campagnes pour combattre le sexisme et le système qui l’entretient : le capitalisme.