Il y a deux ans, le cercle étudiant de l’université de Gand KVHV avait organisé une conférence avec Jeff Hoeyberghs. Ce cercle officiellement catholique conservateur a clairement fait sien les positions de l’extrême droite. C’est aussi l’ancien cercle étudiant de Theo Francken (NVA) et Dries Van Langenhove (Vlaams Belang). La soirée était présentée comme anodine et inoffensive : il s’agissait de parler de Jeff Hoeyberghs de « sa vie étudiante bien remplie, de sa carrière et de ses déclarations les plus marquantes ». Au final, la soirée s’est transformée en un plaidoyer d’extrême droite de deux heures bourré de sexisme, de racisme, de LGBTQIA+phobie, de négationnisme climatique, de références au nazisme et de glorification de la violence et de l’élitisme. Grâce à une campagne en ligne et à deux actions de protestation menées sur le campus, la Campagne ROSA et les Etudiants de Gauche Actifs avaient imposé un débat sur le sexisme. La confiance de l’extrême droite avait été ébranlée.
Aujourd’hui, deux ans après les faits, le ministère public requiert une amende de 8.000 euros et six mois de prison avec sursis pour Jeff Hoeyberghs. Le cercle étudiant KVHV, comme l’Université, ne sont toutefois pas inquiétés par la justice. La Convention politique et philosophique des cercles étudiants a suspendu la reconnaissance officielle du KVHV pendant deux mois… au moment des examens. L’administration de l’université, elle, n’a strictement rien fait en dépit de la pression des actions et de la colère des réseaux sociaux. Le KVHV et Jeff Hoeyberghs avaient invoqué leur droit à la liberté d’expression. Mais soyons clairs : le sexisme n’est pas une opinion, c’est une discrimination et un délit.
Même après la conférence, Jeff Hoeyberghs a continué à répandre des opinions élitistes ultraréactionnaires sur les réseaux sociaux. Il s’est notamment prononcé en faveur de l’abolition de l’enseignement gratuit. Tout comme le KVHV, il minimise l’impact de la pandémie et fait partie des figures de proue des groupes anti-vax.
Nous avons donc encore besoin de nous mobiliser, notamment pour que l’Université de Gand ne subventionne plus une organisation telle que le KVHV et ne facilite plus la banalisation des idées d’extrême droite !
La mobilisation et l’action collective représentent la voie à suivre pour lutter efficacement contre le sexisme à l’université et dans la société. Le syndicat CGSP Ugent (la centrale des services publics de la FGTB), en collaboration notamment avec les militant.e.s de la Campagne ROSA, a récemment mené une campagne victorieuse pour l’obtention d’un salaire minimum de 14 euros de l’heure à l’université de Gand, parmi d’autres revendications féministes socialistes. Des victoires sont possibles, même dans une université où des associations comme le KVHV et le NSV (cercle de jeunesse officieux du Vlaams Belang) sont officiellement reconnus comme cercles étudiants par les autorités universitaires. Nous continuerons à nous battre, notamment pour que l’Université de Gand ne reconnaisse plus ces cercles et cesse de leur accorder des subsides. Nous savons que nous allons gagner !