Procès des néonazis de Schild&Vrienden : jusqu’où peut-on compter sur la justice ?

Le procès de sept membres du groupe d’extrême droite Schild & Vrienden, dont Dries Van Langenhove, se tiendra le 12 septembre devant le tribunal correctionnel de Gand. Ils sont accusés de racisme, de proclamation répétée de discrimination, de négationnisme et, dans le cas de Van Langenhove, d’avoir vendu des armes interdites (spray au poivre).

Le 12 septembre, le procès de sept membres du groupe d’extrême droite Schild & Vrienden, y compris leur figure de proue Dries Van Langenhove, se déroulera normalement devant le tribunal correctionnel de Gand. Ils sont poursuivis, entre autres, pour racisme, proclamation répétée de discrimination, négationnisme et, dans le cas de Van Langenhove, pour avoir mis en vente des armes interdites (spray au poivre). Au cours de la période précédant le procès, le Vlaams Belang a officiellement pris ses distances avec Van Langenhove, mais un autre accusé reste président local du VB à Sint-Niklaas. Le fait que Van Langenhove prononce le discours central lors de la Veillée de l’Yser dominée par le VB montre à quel point les relations restent étroites.

Le procès contre Schild & Vrienden est on ne peut plus justifié, mais gardons-nous d’y placer trop d’espoirs. L’issue d’une bataille purement juridique est toujours incertaine. La levée de l’interdiction de la « Nuit de la camaraderie » prévu juste avant la Veillée de l’Yser l’a une fois de plus démontré. Cette fête de néonazis de Belgique et d’ailleurs représente un danger pour tous ceux qui ne correspondent pas à leurs critères « aryens ». Les personnes de couleur ou les personnes LGBTQIA+ feraient mieux de ne pas s’approcher d’Ypres à un tel moment….

Le procès prend place car les opinions et méthodes de Schild & Vrienden ont fait scandale à la suite d’un reportage de la VRT pour lequel un journaliste les avait infiltrés. Avant ça, en restant plus ou moins discret, le groupe avait pu se développer tranquillement sans hésiter à recourir à l’intimidation et à l’incitation à la violence. Mais quand les égouts de leur idéologie raciste, sexiste, LGBTQIA+phobe et négationniste avaient été dévoilé, cela avait suscité de vives protestations. A Gand, des étudiants avaient manifesté, parmi lesquels des délégations de la Campagne ROSA et des Etudiant.e.s de Gauche en Action (EGA). Le cercle étudiant catholique d’extrême droite KVHV avait tenté de profiter de la situation, notamment en organisant une conférence sexiste avec le chirurgien Jeff Hoeyberghs. Cette conférence avait également fait l’objet de mobilisations féministes et antifascistes à l’initiative de la Campagne ROSA et d’EGA. Sans cela, jamais l’université de Gand n’aurait sanctionné le KVHV (bien trop légèrement par ailleurs) et jamais Jeff Hoeyberghs n’aurait-il eu à répondre de son appel à la haine sexiste devant les tribunaux. Mais s’il fut condamné en première instance, il a été largement acquitté en appel. L’arène judiciaire a d’étroites limites.

Dries Van Langenhove est défendu par l’avocat Hans Rieder, qui était auparavant l’avocat de Jeff Hoeyberghs. Les parents des étudiants du KVHV ne manquent généralement pas d’argent, « l’élite » autoproclamée n’a pas eu bien mal à se payer un avocat onéreux. L’élitisme est une des marques de fabrique du KVHV, en plus du racisme, du sexisme, de classisme, de la transphobie,… : ils estiment que l’accès à l’enseignement supérieur doit être revu. Alors que le Vlaams Belang tente de préserver un mince vernis « social », le KVHVV défend un enseignement réservé aux fils à papa, alors que parallèlement 75 % des étudiants doivent travailler d’une manière ou d’une autre durant l’année scolaire.

S’il est condamné, Van Langenhove se présentera comme un « martyr flamand ». S’il est acquitté, il se sentira intouchable. À l’approche des élections de 2024, au cours desquelles l’extrême droite peut connaître une percée dans toute l’Europe, la confiance de tels groupes risque de gonfler et avec elle leur violence. Des manifestations et la mobilisation seront nécessaires pour isoler l’extrême droite et mettre fin aux violences.


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ROSA organise des actions, des événements et des campagnes pour combattre le sexisme et le système qui l’entretient : le capitalisme.