LA SOCIÉTÉ A COLLECTIVEMENT UN RÔLE
À JOUER DANS LES SOINS AUX PERSONNES.
NON À LA DOUBLE JOURNÉE DES FEMMES !
« Le travail d’une femme n’est jamais fini ». Le dicton réfère au fait que pour la majorité des femmes, et certainement celles qui ont des enfants, leur journée de travail ne se termine pas lorsqu’elles rentrent du boulot. Elles ont encore toute une série de choses à faire, mais cette fois-ci de façon non rémunérée.
À l’échelle mondiale, la majorité du travail non rémunéré est réalisée par les femmes. Les tâches domestiques et les soins aux personnes représentent 80% du temps de travail non rémunéré. Il représenterait en moyenne, en valeur monétaire, environ un tiers du PIB dans les pays membres de l’OCDE.
En Belgique (données 2005 de l’OCDE ), le travail non rémunéré représente 56% du temps de travail total pour les femmes (245 min/jour) et 36% (151 min/jour) pour les hommes. Inversement, la part du temps de travail total consacrée au travail rémunéré est de 44% pour les femmes et 64% pour les hommes. C’est une des principales causes de l’écart salarial : pour avoir les meilleurs salaires, il faut pouvoir mettre en permanence le boulot devant tout le reste. Cela explique aussi le développement inverse du niveau de salaire chez les hommes et les femmes avec ou sans enfants. Tandis que le fossé salarial est très petit entre les jeunes hommes et femmes sans enfants, cela change dès l’arrivée des enfants : le salaire baisse pour les femmes tandis qu’il augmente pour les hommes.
ROSA plaide pour une collectivisation des tâches domestiques , en luttant pour un réinvestissement dans les services publics, ce qui permettrait de fournir des services accessibles financièrement et de bonnes qualités. C’est une raison supplémentaire de se battre contre l’austérité imposée par les gouvernements et contre le détricotement systématique de tous les services publics. Selon nous, les richesses produites ne doivent pas servir les intérêts d’une minorité mais permettre de financer un plan massif d’investissements dans des services publics afin qu’ils soient accessibles, gratuits et de qualité : logements sociaux, crèches, écoles, hôpitaux, maisons de repos, refuges, centre d’accueil pour personnes avec handicap ou qui en ont besoin, les soins à domicile, …
Pour répondre à la double journée de travail, certains veulent nous faire croire que la solution réside principalement dans une meilleure répartition des tâches entre hommes et femmes. Ce sont les mêmes – politiciens et patrons – qui s’attaquent à tous les acquis sociaux et les services publics qui permettent – déjà seulement en partie – de combiner travail, vie familiale et loisirs. Luttons contre l’austérité menée par les gouvernements.
Les politiciens – et surtout les politiciennes du genre de Liesbeth Homans (NVA) ou de Monica De Coninck (SP.a) – disent que c’est une question de choix individuel des femmes. Hypocritement, elles se posent comme « féministes », les femmes doivent selon elles avoir « l’ambition » de « faire quelque chose de leur vie ». Parallèlement, ces mêmes politiciens et leurs partis ont mené – et sont toujours en train de mener – une guerre au finish contre les services publics et le secteur des soins de santé, alors que ces derniers sont ce qui a permis aux femmes d’aller travailler en organisant la prise en charge par la société de ce qui est présenté comme des tâches domestiques.
C’est une question de choix politique. Avant que le mouvement ouvrier n’ait acquis l’obligation scolaire par sa lutte, éduquer et prendre soin des enfants toute la journée était une tâche domestique. Avant le développement des soins de santé, soigner les malades était aussi une tâche domestique. Les vagues de luttes ont à chaque fois permis de réduire le travail non rémunéré des femmes par la conquête de nouveaux services publics. Mais depuis des années, nous sommes témoins d’un démantèlement de toutes ces structures : services publics, soins de santé, soins aux personnes, enseignement. Et le gouvernement actuel est passé à la vitesse supérieure.
Nous avons besoin d’un plan d’action pour stopper ce gouvernement, à l’image du plan d’action des syndicats qui a débuté en septembre et abouti à la grève générale phénoménale du 15 décembre 2014. Les femmes ont tout intérêt à se joindre à leurs collègues pour participer à la construction de ces mouvements afin de défendre les emplois, les conditions de travail et les services publics.
Les richesses existent, mais ne sont détenues que par une minorité alors qu’elles pourraient servir à répondre aux besoins de la majorité. Luttons pour un plan de réinvestissements massifs dans les services publics et revendiquons la nationalisation du secteur financier et des secteurs clés de l’économie pour le permettre.
Des listes d’attente pour une place d’accueil pour les enfants en bas âge ? Pas de place dans une école pour tous les enfants de 2 ans et demi ? Rester moins de temps à l’hôpital ? Rester plus longtemps à la maison comme personne âgée ? Ce n’est qu’une poignée des problèmes courants auxquels sont confrontées les familles. Cela oblige ces dernières à prendre en charge des tâches qui étaient auparavant la responsabilité de la société, généralement grâce aux luttes pour de nouvelles conquêtes sociales. Cette politique de contre-réformes se développe, à vitesse variable, depuis le début des années 1980. Aujourd’hui, elle aboutit bien entendu à des manques et des pénuries qui sont devenus criants et engendrent des drames humains chaque jour.
Permettre une prise en charge collective de ces différentes tâches demande que les institutions fournissant ces services soient en nombre suffisant, mais également qu’elles soient accessibles financièrement et de qualités. Cela exige de ne pas vendre des parties de services publics au secteur privé qui s’empresse systématiquement d’augmenter les prix afin de pouvoir augmenter la marge de profits. Et cela demande également d’avoir des travailleurs en nombre suffisant, payés correctement, et travaillant dans de bonnes conditions afin d’assurer la qualité des services.
Les richesses existent pour permettre de construire des services publics accessibles et de qualité. Mais il faut les chercher là où elles sont. Et ce n’est pas dans les poches des chômeurs, des fonctionnaires ou des malades. Les scandales de « Panama Papers » ou « LuxLeaks » ou encore la fiscalité belge très amicale pour les grosses fortunes, les grandes entreprises et les multinationales poussent de plus en plus de travailleurs à réclamer une fiscalité plus juste. Nous soutenons évidemment cette idée, mais nous pensons que cela n’est pas suffisant. Nous y associons la revendication de la nationalisation sous contrôle des travailleurs et de la collectivité des secteurs clés de l’économie (parmi lesquels le secteur financier) afin de bloquer la fuite des capitaux et de mobiliser toutes les capacités technologiques et scientifiques ainsi que les moyens actuels au bénéfice de tous.
Les revendications de ROSA :
• Pour l’arrêt immédiat de l’austérité et du démantèlement des services publics.
• Pour un plan massif d’investissements dans des services publics accessibles, gratuits et de qualité : logements sociaux, crèches, écoles, hôpitaux, maisons de repos, refuges, centres d’accueil pour personnes avec handicap ou qui en ont besoin, soins à domicile, etc.
• Pour des services publics qui facilitent les tâches ménagères des familles : blanchisseries, ateliers de repassage, services de nettoyage, services de repas frais et de qualité sur les lieux de travail, dans les écoles et les quartiers, etc.
• Tous ces services doivent être pris en charge par des travailleurs correctement rémunérés et aux conditions de travail décentes !
• Pour la nationalisation des secteurs-clés de l’économie sous contrôle des travailleurs.