Nous entendons souvent dire que nous avons déjà beaucoup progressé en Belgique concernant les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+. Sur le papier, c’est vrai. De nombreuses victoires ont été obtenues. Mais la pratique démontre que tous les problèmes sont loin d’avoir été résolus.
Par Nicky (Anvers)
Les chiffres sont alarmants
Les données concernant la violence de genre restent alarmantes. Au moins 23 féminicides ont eu lieu cette année en Belgique. Dans le monde, une femme sur trois est victime de la violence de son (ex-)partenaire. En Belgique, cela représente environ 300.000 femmes par an !
Une enquête réalisée par l’hôpital universitaire de Gand révèle qu’une personne LGBTQIA+ sur trois a été victime de violence physique au cours des deux dernières années. Une enquête de Çavaria (la coupole flamande des organisations LGBTQIA+) rappelle que 6 jeunes LGBTQIA+ sur 10 ne se sentent pas en sécurité à l’école.
Backlash anti-lutte
Grâce aux luttes féministes et au mouvement pour les droits des personnes LGBTQIA+, une plus grande attention a été accordée à ce problème ces dernières années et davantage de victimes osent se manifester. Cependant, on assiste également à un retour de bâton.
La droite et l’extrême droite clament sur tous les toits que les choses sont allées trop loin. De nombreux médias leurs offrent une tribune pour venir dire « qu’on ne peut plus rien dire ». Ces idées se banalisent. Pensons, par exemple, aux commentaires sur #MeToo, à la façon dont Amber Heard a été ridiculisée dans les médias et les réseaux sociaux lors de son procès qui l’opposait à Johnny Depp.
Masculinistes
La popularité d’influenceurs masculinistes comme Andrew Tate auprès des jeunes est également inquiétante. L’extrême-droite et les mouvements chrétiens fondamentalistes cherchent à imposer l’idée selon laquelle il existerait une « idéologie du genre », un concept fourre-tout créé pour caricaturer et affaiblir le combat contre les discriminations.
La banalisation des discours de haine et la ridiculisation des victimes de violences constituent un danger à ne pas sous-estimer. Cela renforce la confiance des forces de droite dans leur capacité à aller toujours un pas plus loin et à de l’agression verbale à l’agression physique.
Harcèlements d’extrême-droite
Il y a quelques mois, la figure de proue de la jeunesse flamande d’extrême droite Dries Van Langenhove a publié une vidéo où il harcelait un commerçant brugeois pour avoir accroché un drapeau arc-en-ciel à sa terrasse, un « drapeau pédophile ».
Des États du sud des USA ont traduit cette queerphobie en projets de loi. En Floride, une proposition qualifiant d’abus physique les soins d’affirmation de genre chez les mineurs a été introduite au début de l’année en vue de retirer les enfants transgenres à leurs parents, si ces derniers soutiennent leur enfant dans sa transition.
Transphobie en hausse
Il ne s’agit là que de l’une des 500 propositions de loi transphobes aux États-Unis cette année !
Le discours de haine véhiculé par l’extrême droite n’a pas seulement des répercussions sur la législation, mais aussi dans la rue. La violence verbale et physique à l’encontre des personnes LGBTQIA+ est en hausse presque partout en Europe. Selon un rapport de l’ILGA (International Lesbian, Gay, Bisexual, Trans and Intersex Association), 2022 a été l’année la plus violente pour les personnes LGBTQIA+ en dix ans. Toujours selon l’ILGA, les violences ne sont pas seulement plus nombreuses, elles sont aussi plus intenses.
Toujours en Belgique, le Centre interfédéral pour l’égalité Unia a traité en 2022 le plus grand nombre de cas de violence physique contre des personnes LGBTQIA+ en cinq ans. Début de l’année, au Royaume-Uni, une jeune fille transgenre de 16 ans a été assassinée par deux de ses camarades de classe.
Les médias grand public, qui ont donné une tribune aux voix transphobes pendant des années, sont complices de cette situation.
Nous ne voulons pas revenir à une époque où cette violence est normalisée et où les victimes ont peur de se faire connaître.
Manifestation contre les violences !
Nous occuperons la rue le 26 novembre pour dénoncer les violences faites aux femmes et aux personnes LGBTQIA+. Il est important que nous continuions à réagir contre la violence et la haine et que nous ne nous laissions pas diviser.
Nous demandons plus d’investissements dans les soins de santé, plus de services publics et plus de logements abordables. Ce sont des choses qui peuvent aider les gens à sortir de situations violentes.
Il faut davantage d’investissements publics dans l’enseignement, pour des classes plus inclusives avec plus de soutien. De telles mesures profitent en fin de compte à tout le monde.
Rendez-vous à partir de 13h30 à la Gare Centrale de Bruxelles.