Russie. Féminicide en direct pour quelques roubles…

L’affaire du féminicide en ligne et en direct de Valentina Grigoryeva, qui a été connu en début décembre, a forcé les médias officiels à parler des violences faites aux femmes dans ce pays, ainsi que du phénomène des “trash-streamers”, un phénomène devenu très populaire. 

Stas Reshetnikov, l’assassin de Valentina, n’est pas le seul à gagner de l’argent de ses émissions YouTube, dans lesquelles on le voit maltraiter d’autres personnes, en particulier sa copine. Il y a d’autres youtubeurs dont le gagne-pain provient de telles activités, où les violences non seulement contre des femmes, parfois même des filles mineures, mais aussi des personnes vulnérables -comme les sans-abris ou autres personnes se trouvant dans le besoin- y sont glorifiées.

La législation assouplie toujours plus

En ce qui concerne spécifiquement les femmes, la législation russe a été assouplie depuis 2017, de sorte que la violence conjugale ne constitue plus un crime, mais un délit. Seulement dans des cas où la victime doit se faire hospitaliser, ayant subi des blessures graves, il est possible que l’auteur reçoive des peines d’emprisonnement, mais pas plus lourdes que 5 ou 6 ans.

Victime elle-même de violences conjugales, suite auxquelles elle a perdu sa main, Margarita Gracheva a lancé une campagne, dans le but que les violences faites aux femmes (et non pas seulement conjugales) soient plus sévèrement pénalisées.

Dans sa lutte, elle doit faire face à des avocats et politiciens qui reproduisent la culture du viol et le victim-blaming, et défendent le vieux dicton russe « si ton homme te bat, c’est qu’il t’aime« .

L’Eglise russe aussi responsable

Les femmes, ainsi que toutes les militantes féministes, sont confrontées également à la puissante église russe, une grande défenseuse des traditions comme celle de ce dicton, qui prétend que c’est le droit du mari de maltraiter sa femme, si elle ne lui obéit pas ou si elle lui pose des ‘problèmes’.

Face à cela, la solidarité féministe et le soutien des victimes prend aussi diverses formes, comme dans le cas de Zenya Zakhar, une tatoueuse qui se charge de masquer les cicatrices des victimes gratuitement.

Un état capitaliste responsable du sexisme

Dans un contexte comme ceci décrit ci-dessus, personne ne sera surpris d’apprendre que la police russe a arrêté, fait passer en procès-express et emprisonné des militantes féministes qui ont organisé des actions le 25 novembre, à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. La Russie est un pays dont les institutions officielles, comme le gouvernement, les politiciens et l’église défendent des pratiques et une législation extrêmement sexistes et LGBTQI+-phobes. Ce n’est pas la première fois que des militantes féministes font face à des peines d’emprisonnement.
[voir aussi notre organisation soeur en Russie].

Lutter contre le sexisme, c’est lutter contre le système

Cette politique n’est pas simplement le produit de traditions conservatrices ou d’un régime autoritaire, ce qu’est effectivement le régime russe. Cette politique s’inscrit dans le cadre du système capitaliste qui d’un côté tire du profit par l’objectification et la marchandisation du corps féminin, pour ensuite culpabiliser les victimes de violences et tourner les travailleu.se.s les un.e.s contre les autres, pour mieux profiter d’elles/eux en les gardant divisé.e.s.

C’est pour cette raison que, nous, la Campagne ROSA, nous comprenons le féminisme comme un mouvement qui lutte contre les violences sexistes, pour les droits des femmes, et vise à mener cette lutte dans le cadre d’un mouvement plus large, celui des travailleu.se.s, en joignant les revendications spécifiques des femmes aux revendications du mouvement ouvrier en général.

Nous comprenons la nécessité de nous unir afin d’être plus fort.e.s, car ce n’est qu’en créant un rapport de force le plus large possible que nous pourrons obtenir des victoires. Mais nous ne voulons et nous ne pouvons pas nous arrêter là: il n’y a pas de capitalisme sans sexisme, sans racisme, sans LGBTQI+-phobie. Nous aspirons à un changement radical de société, vers une société socialiste, pour enfin pouvoir être qui nous sommes, en toute liberté !


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ROSA organise des actions, des événements et des campagnes pour combattre le sexisme et le système qui l’entretient : le capitalisme.