L’oppression n’est pas un problème individuel, c’est l’ensemble du système qui est coupable !

Selon nous, la culture du viol ne peut pas être réduite à une question de genre. Pouvoir circuler en sécurité, ne pas se faire harceler à l’école, sur les réseaux sociaux ou au boulot, avoir la possibilité d’effectuer de réel choix, ce ne sont pas des privilèges. Cela devrait être des droits ; droits pour lesquels nous devons lutter – ensemble !

L’actualité a été révoltante ces dernières semaines. À Liège, une féministe a été attaquée et blessée à coups de couteau. À Gand, une affaire de viol a donné lieu à des condamnations très légères sur fond de culpabilisation des victimes. En Angleterre, Sarah Everards, a été assassinée par un policier britannique et les manifestations fortement réprimées par la police. L’insécurité et à la culture du viol sont encore une fois d’actualité et provoque une vague d’indignation. La Campagne ROSA estime important de prendre le temps de discuter la stratégie à adopter dans la lutte contre le sexisme et la culture du viol.

Des privilèges ou des droits à étendre à l’ensemble de la population ?

La lutte contre la culture du viol et les autres oppressions est plus largement dénoncée, c’est encourageant. Mais l’angle d’approche est souvent individuel. Certain.e.s activistes mettent en avant que nous ne pouvons lutter contre la violence sexiste qu’en éduquant les hommes. D’autres estiment que la seule cause d’un viol, c’est le violeur lui-même. D’autres encore, qu’il faut être suffisamment conscient des oppressions et discriminations. Et certains d’ajouter que certaines personnes ne peuvent de toute façon pas en être conscientes parce qu’elles ont le « privilège » d’être blanches, masculines, cisgenres ou  hétérosexuelles.

Il est très important que la justice ne laisse pas sans réponses les agressions sexistes. Mais nous pensons important de questionner la société qui permet à une telle pandémie de violence sexiste de se poursuivre sans que de réels moyens soient déployés pour la combattre. Quelle est cette société qui produit tant de harceleurs et de violeurs ? Les hommes seraient-ils par nature de potentiels violeurs ? Selon nous, la culture du viol ne peut pas être réduite à une question de genre. Pouvoir circuler en sécurité, ne pas se faire harceler à l’école, sur les réseaux sociaux ou au boulot, avoir la possibilité d’effectué de réel choix, ce ne sont pas des privilèges. Cela devrait être des droits ; droits pour lesquels nous devons lutter – ensemble – pour qu’ils soient étendus à toutes et tous, réellement.

La culture du viol ce n’est pas une question d’ignorance masculine ou de quelques « pommes pourries ». La culture du viol et l’oppression sont liées aux énormes inégalités économiques croissantes et aux relations de pouvoir qui en découlent. Limiter la discussion au genre, c’est éviter la responsabilité de la politique et du système capitaliste lui-même.

D’où viennent la culture du viol et le sexisme ?

La culture du viol est activement entretenue. Les comportements machistes sont normalisés par la publicité, l’industrie pornographique. Trop souvent, nous y voyons de manière déguisée du harcèlement qui se termine par un viol. En achetant un certain parfum ou une certaine chemise, il serait possible à tout homme de séduire n’importe quelle femme. Ce type d’images entretient une incompréhension générale dans la société sur ce que signifie le consentement mutuel. Nous sommes  constamment trompés à ce sujet. En outre, la sexualité est commercialisée et transformée en marchandise. Il suffit de penser à la publicité de la société «Rich Meet Beautiful» il y a quelques années : «Hé, les étudiantes, choisissez un meilleur style de vie : sortez avec un sugar daddy». Les inégalités inhérente au système capitalistes, comme la position précaire des étudiantes, sont activement utilisées pour renforcer le sexisme.

Quelle stratégie la Campagne ROSA propose-t-elle ?

Le sexisme n’existe pas parce que des individus sexistes naissent chaque année, mais parce que la classe capitaliste l’utilise comme un outil pour nous diviser et augmenter ses propres profits. C’est un problème systémique. Combattre ce système signifie construire activement la solidarité entre tous les jeunes et les travailleurs. Nous devons réaliser qui sont nos alliés et qui sont nos ennemis communs.

Nos motivations à construire une autre société seront sans doute parfois différentes, tout comme nos identités et nos sensibilités. Mais elles sont issues du même système, un système qui à besoins de nous diviser, des discriminations et qui se base sur notre exploitation. Des couches de plus en plus larges de la population sont conscientes du sexisme, comme des autres discriminations, et sont prêtes à se mobiliser. Ainsi, on voit fleurir de nouveaux slogans, banderoles, autocollants et autres.

Après avoir identifié contre quoi nous nous battons, l’étape suivante consiste à savoir d’où vient l’oppression et pour quelle alternative nous voulons nous battre. La Campagne ROSA défend un féminisme socialiste, c’est-à-dire que nous luttons pour une société fondamentalement différente, centrée sur les besoins de toutes et tous. Devenir « woke » (réveillé) et les différentes approches des politiques d’identité (tel que la théorie des privilèges) permettent de dénoncer un problème massif. Toutefois, elles laissent de côté les véritables responsables de l’oppression et ne visent pas à construire l’unité entre les jeunes et les travailleurs.euses. Il nous semble crucial de ne pas nous laisser diviser pour être capable de parvenir à de réelles victoires. Pour renforcer notre unité, le respect de chaque sensibilité est bien sûr une condition préalable. Ne nous trompons pas d’ennemi. Le système capitaliste a absolument besoin du sexisme pour perdurer, c’est aux capitalistes que le sexisme profite en premier lieu.

La Campagne ROSA tente d’impliquer le plus grand nombre possible de jeunes et de travailleurs.euses dans cette lutte. La meilleure façon d’y parvenir est de mettre en place un programme unificateur, qui profite à toutes et tous : des emplois et des conditions de travail décents, des logements abordables, des services publics plus nombreux et gratuits, des investissements publics dans les soins et l’enseignement, une réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec des embauches compensatoires, un salaire minimum de 14 euros brut par heure et des allocations sociales au-dessus du seuilde pauvreté…

Un aperçu plus complet est disponible sur notre programme.

Agir collectivement pour un tel programme permet de sensibiliser efficacement à toutes les formes d’oppression et permet de lutter pour de mettre fin au système dans lequel le sexisme et les autres formes d’oppression sont si fortement présentes.


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ROSA organise des actions, des événements et des campagnes pour combattre le sexisme et le système qui l’entretient : le capitalisme.