Celui-ci devient complètement dérisoire lorsque l’on prend en considération les temps de déplacement souvent très élevés pour se rendre d’un client à l’autre. Les trajets éloignent encore un peu plus la possibilité de travailler à temps plein. Pire, 31,7% des nettoyeuses / aides familiales ont un jour été victimes de violences sexuelles au travail selon une enquête réalisée par la CSC Alimentation et Service auprès de plus de 7000 affiliées1. En plus, nombreuses sont celles qui dénoncent l’absence de soutien des entreprises de titres-services vis-à-vis des travailleuses victimes d’une agression. Conserver les clients et avec des rentrées financières est, selon leur logique, plus important…
Il est essentiel de lutter pour une revalorisation de ce secteur, et en premier lieu d’un point de vue salarial. Pour que le salaire horaire effectif soit correct et un temps plein réaliste, exigeons d’intégrer le temps de déplacement entre les différents clients dans le temps de travail. Favoriser des délégations syndicales avec plus de travail de terrain est également important. Organiser des travailleurs isolés sur leurs lieux de travail permet de faire remonter les problèmes, tels que des cas d’agressions, dans des organes de discussion collective comme le CPPT. Mais un travailleur qui déciderait démissionner ne devrait pas non plus se retrouver sanctionné.
Au-delà de cela, pour permettre à tout le monde de travailler tout en ne s’épuisant pas au boulot, partageons le temps de travail entre toutes et tous : pour un temps plein à 32h voire même 30h semaine. Dans le secteur du nettoyage (souvent fort féminin) où le temps partiel est légion, cela signifie principalement une augmentation de salaire. En général, dans la société, cela permettrait d’embaucher pour compenser les temps pleins diminués vers les 30h semaine, résolvant ainsi la crise de l’emploi. Et comme nous n’avons jamais produit autant de richesse, ce nouveau temps plein doit se faire sans baisse des salaires, en allant chercher l’argent là où il se trouve.
Enfin et surtout, retirons ce secteur des mains du privé. Il ne bénéficie aujourd’hui qu’aux patrons des entreprises de titres-services et dans une bien moindre mesure aux clients qui ont l’argent pour s’offrir un tel service. Faisons de ce secteur un véritable service public, pour lutter contre les mauvaises conditions de travail de ce secteur où la concurrence est rude. Cela permettra également à tous de bénéficier par exemple du soutien d’une aide familiale comme les nombreuses personnes âgées avec une petite pension. Cela luttera également contre la double journée de travail des femmes qui totalisent en moyenne 245 minutes de travail domestique non rémunéré contre 151 minutes pour les hommes.
Note
1 https://www.csc-en-ligne.be/Images/infoCSC13-2017-tcm187-412836.pdf