Les femmes de la classe ouvrière, les grévistes pour l’égalité salariale à Glasgow, sont entrés dans l’histoire le 23 et 24 octobre dernier. Il s’agit de la plus grande grève pour l’égalité salariale depuis la lutte héroïque des travailleuses de Ford Dagenham qui a donné naissance à la Loi sur l’égalité salariale de 1970.
Dans une démonstration incroyablement courageuse de force de la classe ouvrière, plus de 8 000 travailleuses faiblement rémunérées et organisées à Unison et GMB ont fermées les écoles et les services municipaux à travers la ville. Elles sont soutenues par leurs familles, celles qu’elles servent et dont elles s’occupent et la classe ouvrière à Glasgow, en Écosse et ailleurs. Le Parti socialiste écossais offre sa solidarité et son soutien à 100 %.
Si le conseil communal à majorité SNP (ndT : Parti National Ecossais) ne répond pas aux demandes des syndicats après les deux jours de grève, les dirigeants de Unison et GMB sont tout à fait justifiés d’organiser de nouvelles actions de grève. Le conseil communal, ses dirigeants politiques et ses agents doivent comprendre que seul le fait de donner aux 13 000 travailleurs(ses) et retraité(e)s ce qui leur est dû depuis 12 ans – des salaires et des pensions dignes et un système d’évaluation des emplois et classification des salaires égalitaire – mettra désormais fin à ce conflit.
Le SNP démasqué
Depuis que la grève a été déclenchée, Susan Aitken, présidente du conseil municipal du SNP de Glasgow, et les membres du conseil municipal ont utilisé la presse pour jeter de la poudre antisyndicale aux yeux du public de Glasgow. Cela inclut l’idée incroyablement condescendante que les syndicats ont manipulé politiquement ces femmes qui ne savent pas pourquoi elles font grève.
Pourtant, ces femmes ont été par centaines dans des réunions sur la stratégie à adopter pour la grève et elles seront présentes sur les piquets et les manifestations de masse à Glasgow. Les grévistes sont claires sur ce qu’elles veulent, de même que leurs syndicats, mais aussi leurs gouvernements, que ce soit le Parti travailliste blairiste de droite ou maintenant le SNP et les conseils communaux antisyndicaux, qui sont responsables de cette situation à propos de l’égalité salariale.
Une direction socialiste
Glasgow City Unison, entraîné par un leadership socialiste -le Parti Socialiste Écossais y jouant un rôle clé-, a organisé de nombreuses grèves contre l’ancienne administration du Labour. Aitken et les autres membres du conseil prétendent qu’ils font tout ce qu’ils peuvent et que les grèves « n’accéléreront pas un règlement négocié ».
Pourtant, le Parti Socialiste Écossais a interviewé des grévistes du secteur des soins à domicile qui répondent à cette affirmation : « Pendant dix mois et après 21 réunions avec les syndicats et « Action 4 Equality », le conseil dit maintenant qu’il n’a même pas examiné nos propositions de comparateurs de rôles professionnels. C’est insultant. Le conseil n’a rien accepté, n’a rien offert, ils veulent juste des réunions pour faire des réunions. »
Unité
Les tentatives visant à diviser les syndicats et les grévistes ont également échoué. Après le déclenchement de la grève, le conseil a déclaré publiquement qu’il ne négocierait qu’avec les avocats « d’Action4Equality » et le syndicat Unite qui ne sont pas en grève. Les trois syndicats et « Action4Equality » ont donné une réponse condamnant cette approche et se sont engagés à n’organiser que des négociations avec toutes les organisations syndicales.
Les conseillers municipaux du SNP ont également tenté de retourner le public contre les grévistes (des travailleuses de soins à domicile) en déclarant que la grève « injustifiée » pourrait être fatale pour les patients vulnérables. Les syndicats sont en train de convenir d’une couverture d’urgence avec le conseil. Bien sûr, ces conseillers n’avaient rien à dire au sujet des travailleurs(ses) peu rémunérés qui sont morts en attendant l’égalité salariale.
Cette grève mérite le soutien de tout le mouvement syndical. C’est un exemple excellent de ce qui est possible. Ce doit être un signal d’alarme pour le TUC, le STUC et les dirigeants syndicaux nationaux. Les travailleuses se battent si l’exemple est montré. Appelons à une action coordonnée dès maintenant pour lutter contre les bas salaires et l’austérité. Chassons ce gouvernement conservateur méprisé.
L’égalité salariale ne peut être financée par des coupes budgétaires dans les services !
Le conseil municipal de Glasgow doit demander des fonds à Holyrood et Westminster. Il faut établir un budget sans coupes en utilisant les emprunts, les réserves et la gestion de la dette pour défier l’austérité des conservateurs.
Lutter contre les coupes budgétaires et le capitalisme
Cette grève soulève également des questions politiques au sujet du SNP et des conseils du Labour de droite précédents. Il est inacceptable de supprimer des emplois et des services et de s’en prendre aux travailleurs et travailleuses qui font la grève. Si le Labour veut se redresser en Ecosse sous la direction de Corbyn, alors l’élimination des membres pro-austérité du conseil communal et la lutte contre les coupes sont absolument nécessaires.
Le Parti socialiste écossais est favorable à la construction d’un parti de masse de la classe ouvrière qui lutte contre toutes les coupes. Et qu’un tel parti s’appuie sur des politiques socialistes pour mettre fin non seulement à l’austérité, mais aussi au système qui la nourrit : le capitalisme.
Le soulèvement pour l’égalité salariale à Glasgow montre le pouvoir de la classe ouvrière
par Matt Dobson
8 500 femmes de la classe ouvrière de Glasgow sont entrées dans l’histoire les 23 et 24 octobre. Comme l’a commenté la BBC, il s’agissait de « l’une des plus grandes grèves jamais organisées au Royaume-Uni sur la question de l’égalité de salaire ». En vérité, il s’agissait plutôt d’un soulèvement où le pouvoir de la classe ouvrière était clairement démontré.
Dans un effort logistique phénoménal, des piquets de grève ont été installés dans des centaines d’écoles primaires, de crèches, de dépôts de nettoyage et de bâtiments municipaux. Cette réalisation à elle seule témoigne de la participation massive qui a caractérisé la grève. Une mer colorée de 10 000 grévistes, dominée par les drapeaux, les banderoles et les pancartes de l’Unison et du GMB, ainsi que par d’autres syndicalistes et sympathisants, a défilé dans une manifestation bruyante et dynamique le premier jour de grève qui a secoué les rues entre Glasgow Green et George Square.
Au centre de la mobilisation se trouvait l’énorme volonté de combat des travailleuses faiblement rémunérées, qui représentent 90 % des grévistes. Trahies par l’ancien Conseil du Labour de droite qui a présidé au scandale de l’inégalité salariale pendant une décennie – et par la nouvelle direction du SNP qui a promis une résolution juste mais qui a traîné les pieds – les femmes de la classe ouvrière en ont eu marre.
12 ans sous-payées et sous-évaluées, la grève a reflété la colère refoulée et aussi le vécu de la dernière décennie faite d’austérité capitaliste vicieuse.
Exutoire
Comme l’a dit une gréviste interviewée : « Nous voulons l’égalité. Je suis mère célibataire et je me bats pour subvenir aux besoins de ma famille avec 800 livres sterling par mois ». La gréviste Carol Qua a fait valoir qu’elle avait trois emplois municipaux et qu’elle était toujours en difficulté.
Finalement, la frustration a été évacuée, ces travailleuses et travailleurs ont saisi avec enthousiasme leur chance de montrer le pouvoir de classe ouvrière.
La grève a commencé le lundi 22 octobre, pendant le service de nuit, par un piquet de grève massif au siège de ce qui était Cordia (l’organisme indépendant en faillite créé sous la nouvelle administration du Labour). Puis, dans la matinée de mardi, des centaines de piquets de grève se sont assemblés dans toute la ville.
Il ne fallait pas marcher très loin pour trouver un piquet ou l’entendre ! Une fois les piquets de grève terminés, une mer de grévistes a ensuite inondé Glasgow Green pour se rassembler en vue de la manifestation.
Le bus 75 de Castlemilk était presque entièrement occupé par des grévistes qui chantaient en se rendant à la manifestation. Les chauffeurs d’autobus ont laissé les grévistes se rendre gratuitement à Glasgow Green. Il y a eu un soutien massif de la part du public. Lorsque la manifestation est arrivée au centre, les clients de magasins ont applaudi. Cela malgré un barrage de propagande anti-grève de la part du conseil dans la presse au cours des quinze jours qui ont précédé la grève.
Action de solidarité
La direction du Conseil des Services fonciers et environnementaux a d’abord menacé de prendre des mesures disciplinaires à l’endroit de toute personne qui n’avait pas travaillé pendant la grève. Pendant l’équipe du matin, et dans une merveilleuse démonstration de solidarité, les 600 éboueurs, presque tous des hommes, sont partis en solidarité avec les femmes qui faisaient le piquet dans les dépôts. L’ensemble du service de collecte des déchets a été fermé.
John O’Connor, représentant de GMB pour les éboueurs de la ville, a déclaré dans le Herald : « Nous sommes tous au courant des grèves d’aujourd’hui et de demain sur l’égalité salariale. « En tant qu’agents de nettoyage, nous sommes venus au travail ce matin pour poursuivre nos activités normales, mais nous ne voulions pas franchir un piquet de grève car nous soutenons totalement les femmes.
« La direction est venue à notre cantine et a lu une déclaration officielle du conseil indiquant que si nous n’allions pas au travail, des mesures disciplinaires seraient prises contre nous. « En gros, ils ont dit que si vous ne franchissez pas les piquets et n’allez pas au travail, vous ne serez pas payé. Pour soutenir les femmes, les hommes sont venus les soutenir de tout leur cœur dans la lutte pour la justice.
Tous ceux qui connaissent l’histoire de la campagne pour l’égalité salariale savent qu’un exemple commun donné pour illustrer le problème est qu’un éboueur (lieu de travail à majorité masculine) dans le cadre du système de rémunération perçoit 3 £ de plus qu’une travailleuse au même niveau.
Cette réalité a fait de la seconde action de solidarité, les éboueurs perdant maintenant leur salaire en solidarité pour renforcer la grève des femmes, une action extrêmement symbolique et puissante. Une partie du travail social et l’organisation Glasgow Life ont également refusé de franchir les piquets de grève et ont pris des mesures de solidarité.
Rassemblement
La manifestation de masse a rempli la place George. Après un silence émotionnel pour ces travailleuses de Glasgow qui sont mortes tragiquement sans salaire égal. Les femmes en grève et leurs représentants syndicaux ont prononcé des discours puissants.
Mary Dawson, présidente d’une branche d’UNISON, a déclaré : « Ces femmes sont les rouages qui font tourner notre ville – nettoyer, soigner, éduquer et s’occuper de certaines des personnes les plus vulnérables – et elles n’ont pas pris la décision de frapper à la légère. Pourtant, malgré les services vitaux qu’elles fournissent, leurs rôles sont encore sous-évalués de façon chronique. Il est temps que le conseil municipal de Glasgow prenne des mesures pour résoudre cette injustice de longue date afin que ces femmes puissent continuer à fournir les services sur lesquels nous comptons tous. »
Shona Thomson du syndicat GMB et secrétaire de la section des soins à domicile a déclaré : « Nous savons pourquoi nous sommes ici. Nous allons gagner. Nous voulons que justice soit faite. Fini de monter les hommes et les femmes mal payés les uns contre les autres. Nous sommes fâchées d’avoir attendu pendant des années. Les conseillers qui se disent de notre côté doivent nous prendre au sérieux. Je suis aide-soignante et représentante syndicale parce que je m’en soucie. Je n’ai pas besoin que les agents du conseil et le directeur général me disent que mes travaux sont importants s’ils ne sont pas prêts à les valoriser réellement « .
SNP exposé
Le SNP a pu obtenir un certain soutien, principalement sur les médias sociaux, contre la grève en prétendant à tort que les syndicats sont les pions du travail écossais, que la grève n’a lieu que parce que Glasgow est un conseil du SNP.
Jeremy Corbyn et Richard Leonard ont apporté un soutien bienvenu à la grève mais n’ont pas dénoncé les actions du précédent Conseil du Nouveau Travail, ce qui ne fait que renforcer les accusations d’opportunisme.
Glasgow City Unison est en mesure de contrer les revendications du SNP par son histoire militante de lutte contre les douze grèves pour un salaire équitable contre le système de rémunération, principalement lorsque le Labour était au pouvoir. Et qu’ils n’ont jamais accepté l’inégalité salariale de Glasgow comme un accord.
La raison de la grève actuelle était le jugement de la Cour de session d’août 2017 qui a statué que le régime de rémunération de Glasgow était inégal et inéquitable. Les 21 « réunions à propos des réunions » de l’administration du SNP ont depuis lors salé les plaies. Les femmes ont donné une chance au SNP après le scrutin consultatif de l’été, mais l’administration les a laissées tomber pendant le processus de négociation. La grève était le seul moyen d’accroître la pression en faveur d’un règlement négocié.
Susan Aitken, présidente du conseil municipal du SNP, a versé de l’huile sur le feu en laissant entendre que les grévistes ne « comprenaient pas les raisons » de leur action. Les syndicats y ont répondu publiquement et de manière particulièrement éloquente et éloquente chaque fois que les grévistes ont eu voix au chapitre dans les médias. Honteusement, les membres du conseil et les « porte-parole » ont mené une campagne alarmiste ciblant les grévistes des soins à domicile, soulevant publiquement la crainte qu’il y ait des décès et harcelant le syndicat sur la question de la vie et de la couverture d’un membre du syndicat.
Les responsables de l’administration et du conseil du SNP ont également essayé de diviser pour mieux régner. Ils ont annulé les négociations avec Unison et le GMB comme punition pour avoir organisé la grève. Ils ne négocieraient qu’avec les avocats d’Action 4 Égalité et le syndicat non gréviste Unite. Cependant, toutes les organisations requérantes se sont unies pour rejeter cette approche. Tu nous parles à tous ou tu ne parles à personne !
Rôle des socialistes
Le Parti socialiste écossais a joué un rôle crucial dans ce conflit. Nos membres jouent un rôle de premier plan dans la direction de Glasgow City Unison, dont les membres représentaient 5 500 des 8 500 grévistes.
Depuis quelques semaines, nous accumulons les dons de solidarité et de fonds de grève. Nous avons distribué des milliers de dépliants de grève bien reçus sur les manifestations et les piquets de grève.
Trois grévistes de Unison, Ingrid, Denise et Lynne Marie, ont pris la parole de façon inspirée lors de notre réunion post-grève, aux côtés de Brian Smith, secrétaire de branche de Glasgow Unison et membre du Parti socialiste écossais et Philip Stott, notre secrétaire national.
Nous avons fait valoir que le SNP, tout comme le New Labour avant lui, n’a pas le droit de prétendre qu’il est anti-assainissement s’il fait passer les réductions des conservateurs, s’il attaque les termes et conditions ou s’il refuse d’appliquer des régimes d’égalité salariale.
Les politiciens doivent choisir leur camp ? Les travailleurs ont été chassés du pouvoir à Glasgow et il pourrait en être de même pour le SNP. Nous avons demandé au gouvernement écossais et au conseil municipal de Glasgow de prendre en charge le coût de l’égalité salariale, estimé à 1 milliard de livres sterling, et nous nous sommes engagés à ne pas réduire les budgets et à défier les réductions des conservateurs.
Nous sommes tout à fait d’accord avec le discours prononcé par Jean Kilpatrick, délégué syndical de l’Unison, lors du rassemblement, disant que les syndicats n’accepteraient pas « de voler Pierre pour payer Pauline et de réduire les services pour en assumer les coûts ».
Nous avons également souligné que cette grève est un exemple de ce qui peut être réalisé et qu’elle devrait servir de signal d’alarme aux dirigeants syndicaux nationaux pour qu’ils appellent à une action coordonnée contre les coupes et l’austérité.
Une conséquence politique de cette grève est que les illusions du SNP, qui a été élu sur la base de promesses anti-austérité et d’un engagement à financer l’égalité salariale, sont en train de disparaître.
La lutte de classe expose le véritable caractère anti-ouvrier des dirigeants du SNP
Susan Aitken a répondu à la grève en disant qu’elle ne comprenait toujours pas pourquoi elle avait lieu et qu’elle était injustifiée. Le bureau du conseil accuse également les syndicats de perdre le contrôle de la grève. En fait, ce sont eux et l’administration du SNP qui perdent le contrôle de la situation. C’est maintenant possible, à moins qu’ils ne parviennent rapidement à un règlement négocié, que cela dégénère en un désastre politique pour eux.
La première grève de 48 heures a eu un effet industriel et politique massif sur Glasgow et au-delà. La classe ouvrière a montré son pouvoir. Les syndicats seraient pleinement justifiés d’intensifier l’action et de déclencher d’autres grèves de masse à moins que le conseil ne prenne des mesures pour payer à ces travailleuses sous-payées le salaire qui leur est dû. Un tel processus conduirait à de nouvelles conclusions politiques et soulèverait la nécessité d’un véritable parti de masse anti-austérité qui se battrait pour des politiques socialistes.
Il était approprié que cet exemple de la puissance de la classe ouvrière se produise quelques semaines seulement avant le 100e anniversaire des événements révolutionnaires du Clydeside Rouge en janvier 1919.
L’histoire est en train de se refaire. Et ce sont les femmes et les hommes de la classe ouvrière, alliés à la lutte contre les politiques socialistes, qui y parviendront.