La lutte pour le bien-être des personnes LGBTQI+ est toujours d’actualité !

Nous sommes le 17 mai, journée internationale de lutte contre la LGBTQI+phobie.

En temps normal, des activités et des défilés ont lieu dans divers pays à l’occasion de cette journée. Mais avec la crise sanitaire actuelle, presque tout est à l’arrêt. Pire, outre l’annulation et/ou le report d’événements et de manifestations symboliques et politiques, la crise du coronavirus entraîne une répression, une violence, un isolement et une discrimination accrus pour de nombreuses personnes LGBTQI+.

La crise du coronavirus comme prétexte pour intensifier les attaques et la violence

Alors que le Covid-19 est « le » thème qui prévaut dans les médias du monde entier, divers politiciens et régimes saisissent la crise sanitaire comme prétexte pour mettre en œuvre toutes sortes de mesures antisociales (prévues en réalité de longue date). En comptant sur l’effet des mesures de distanciation sociale et du confinement sur la contestation, ils tentent de mettre rapidement en œuvre des projets de loi et des mesures d’économie impopulaires et discriminatoires. Dans de nombreux pays, les personnes LGBTQI+ sont l’un des groupes dont le bien-être et les droits (souvent déjà très limités) sont sous pression.

En Hongrie, Victor Orban a immédiatement abusé du pouvoir presque illimité qui lui est accordé pendant cette période exceptionnelle pour s’attaquer aux personnes transgenres de son pays. En pratique, son projet de loi signifie qu’il devient impossible d’être officiellement reconnu comme transgenre. En Pologne aussi, les attaques ont rapidement suivi l’épidémie. Le parti conservateur de droite « Droit et Justice » a profité du confinement pour introduire une interdiction complète de l’avortement (contre laquelle des millions de personnes sont descendues dans la rue ces dernières années) ainsi qu’un nouveau projet de loi. Celui-ci punit l’éducation sexuelle des mineurs d’une peine de prison allant jusqu’à 3 ans et assimile l’homosexualité à la pédophilie.

Ces discours et mesures vont de pair avec une augmentation de la violence à l’encontre des personnes LGBTQI+. Les organismes officiels et les institutions religieuses et politiques conservatrices appellent ouvertement à des attaques contre ces personnes. Ainsi, en Ouganda, la police a fait une descente dans un refuge LGBTQI+ et a arrêté 20 personnes sous prétexte de « non-respect des règles coronavirus ». Au début du Ramadan, Ali Erbas, représentant religieux officiel dans l’Etat turc, a accusé les homosexuels de propager des maladies (c.à.d le coronavirus) et d’infecter la société. Au Maroc, des chasses à l’homme sont organisées contre des homosexuels après un appel lancé par une célébrité turque sur les médias sociaux.

Ces changements législatifs et la rhétorique violente dans laquelle les personnes LGBTQI+ sont présentées comme anormales et comme un danger pour la société sont populaires auprès des dirigeants de droite. En cette période de crise, ils tentent de se renforcer sur base de la stratégie de « diviser pour mieux régner » et cherchent invariablement des boucs émissaires (les réfugiés, les personnes LGBTQI+, etc.) afin de détourner l’attention de la véritable cause des problèmes, des inégalités et des pénuries de la société. L’énorme crise sanitaire a fait éclater au grand jour la mauvaise gestion de la classe politique au fil des ans. Ces mêmes politiciens s’en servent maintenant pour s’en prendre aux minorités.

Le coronavirus et la politique antisociale : un cocktail mortel

Outre ces attaques juridiques, la majorité des personnes LGBTQI+ subissent également les conséquences désastreuses des coupes budgétaires et des privatisations néolibérales de ces dernières décennies. La pandémie met en lumière les pénuries croissantes d’investissements dans les soins de santé, les services publics, l’éducation, les emplois, les logements décents, etc. dans le monde entier. Ces pénuries existaient avant la crise, mais elles jettent désormais plus rapidement davantage de personnes dans la précarité et dans des conditions de vie malsaines voire mortelles.

Des politiques de confinement sont organisées dans de nombreux pays. Avec le manque criant de centres d’accueil pour les personnes LGBTQI+ et de logements sociaux en nombre suffisant, de nombreuses personnes LGBTQI+, en particulier les jeunes, sont obligées de rester 24 heures sur 24 dans une situation potentiellement hostile et violente à la maison. La violence domestique est en augmentation, tout comme le taux de suicides, qui est déjà élevé dans une société LGBTQI+phobe. Dans les centres d’accueil pour réfugiés, en raison du manque de moyens, l’hébergement ne se prête pas du tout à des mesures telles que la distanciation sociale, les mesures d’hygiène, etc., l’encadrement et la protection des réfugiés LGBTQI+ sont sous pression pendant les périodes de confinement.

En outre, les personnes LGBTQI+ sont surreprésentées dans la population de sans-abris dans de nombreux pays. Les jeunes LGBTQI+ ont un risque de sans-abrisme 120 % plus élevé aux États-Unis par exemple. Cela les expose bien sûr à beaucoup plus de risques de maladie et de répression pendant cette période de crise du coronavirus. La discrimination dans la recherche d’un logement et d’un emploi, un phénomène alimenté par des années d’économies sur les logements sociaux et de précarisation de l’emploi, a pour conséquence que de nombreuses personnes LGBTQI+ ont du mal à joindre les deux bouts. Perdre son emploi (temporairement ou définitivement) pendant la période de crise plonge beaucoup d’entre elles dans une terrible précarité.

Enfin, les années de sous-investissement dans le secteur de la santé publique ont entraîné des pénuries de personnel, d’infrastructures et d’équipements de protection. Dans les pays où les opérations pour les personnes transgenres sont possibles, les listes d’attente dans les hôpitaux étaient déjà longues avant cette crise et il fallait souvent attendre une ou plusieurs années avant d’être pris en charge. Dans ce contexte de pandémie, beaucoup de ces établissements de santé sont désormais obligés de se transformer en « départements coronavirus » et il n’y a dès lors pas de place pour les soins de santé « non essentiels » ou « non indispensables à la vie ». Les listes d’attente vont donc s’allonger, mais l’accès aux hormones sera également limité, ce qui aura des conséquences psychologiques et physiques, notamment un risque accru d’exposition à la violence.

La lutte pour les droits et le bien-être des personnes LGBTQI+

Les droits et le bien-être des personnes LGBTQI+ sont en jeu dans le monde entier. La crise du coronavirus accélère ce processus, mais il est clair que le problème à la racine était déjà présent avant la propagation de cette maladie.

Tant qu’il n’y aura pas de véritable démocratie et tant que la majorité de la population devra se déchirer pour les miettes restantes après que le profit de entreprises aient été détournés vers des paradis fiscaux, des figures telles que Trump, Bolsonaro, Orban, Poutine, etc., dans des contextes de crise et de manque d’alternatives crédibles, arriveront au pouvoir et abuseront de celui-ci pour s’en prendre aux minorités, aux femmes, aux personnes LGBTQI+, aux migrants et aux réfugiés. Ils n’offrent aucune solution à la crise sanitaire, ils représentent et défendent au contraire un système qui est en partie responsable de l’ampleur de celle-ci et qui place les bénéfices d’une petite minorité au-dessus de la santé, du bien-être collectif et de la vie de la majorité de la population. Le capitalisme est un système qui porte dans son ADN la crise, l’inégalité, l’exploitation et la discrimination.

Les droits des personnes LGBTQI+ doivent être défendus. Cela signifie d’organiser des actions de solidarité internationale avec les personnes LGBTQI+ vivant dans des pays où les lois coloniales ou religieuses souvent conservatrices qualifient leur naissance de crime. Nous devons nous tenir prêts maintenant et après la crise du coronavirus et exiger et appliquer des mesures et des investissements au niveau local, national et international pour combattre la violence et la discrimination LGBTQI+phobe. Dans cette lutte contre des décennies de privatisation et d’économies sur des services publics vitaux sous le néolibéralisme, la lutte pour le bien-être des LGBTQI+ et la lutte sociale se rejoignent. Nous exigeons des investissements massifs dans les soins de santé, l’enseignement, les logements sociaux, les emplois décents, la culture, les refuges, le secteur social, etc. Ceux-ci peuvent sauver des vies, LGBTQI+ ou non, crise sanitaire ou non.

La lutte pour les moyens nécessaires ne peut être victorieuse si la classe des travailleurs est divisée, seulement si elle est unie. Et c’est possible. La LGBTQI+-phobie n’a rien de naturel. C’est un moyen de diviser et d’affaiblir la classe des travailleurs. Elle repose sur une société de classe où la préservation des relations de pouvoir existantes renvoie à la famille traditionnelle et à des normes strictes en matière de genre comme moyen de maintenir le contrôle social et le travail reproductif libre.

Les revendications sociales conduisent nécessairement à la discussion sur la nécessité d’un changement fondamental dans l’organisation de la société, car dans ce système capitaliste, les droits sont toujours en danger et le bien-être sera toujours secondaire par rapport au profit. Nous défendons une société socialiste où le profit produit serait investi dans notre bien-être, une société loin du capitalisme, loin de l’oppression, qui poserait les bases d’une liberté et d’un bien-être réels.


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ROSA organise des actions, des événements et des campagnes pour combattre le sexisme et le système qui l’entretient : le capitalisme.