Défendons l’accès aux soins de santé, en ce compris la santé sexuelle et reproductive : pour une contraception gratuite et de qualité, pour des cours d’éducation sexuelle, pour le droit à l’avortement. Luttons également pour de meilleures conditions de vie afin qu’un réel choix soit laissé aux femmes d’avoir des enfants, si et quand elles le veulent, avec qui elles le veulent et sans pour autant risquer de tomber dans la pauvreté.
Organisons-nous pour défendre nos droits face aux idées réactionnaires !
Il existe encore de nombreux pays où l’avortement n’est pas autorisé ou encore limité à certaines situations extrêmes. En Europe, cinq pays ne l’autorisent pas sauf circonstances exceptionnelles. A Chypre et en Pologne, l’IVG (Interruption Volontaire de Grossesse) n’est permise que dans les cas de viol, d’inceste, de malformations fœtales graves ou de mise en danger vitale pour la femme. En Irlande, tout comme à Andorre, l’avortement est permis uniquement si la poursuite de la grossesse fait courir à la femme « un danger réel », qui doit être justifié par deux médecins. A Malte, l’avortement est strictement interdit, quelle que soit la situation.
Et ces dernières années, différents gouvernements populistes de droite ont essayé de revenir sur ce qui avait déjà été acquis. En Pologne, le gouvernement a mis sur table une proposition de loi interdisant l’avortement sous toutes ses formes et en Espagne, ils ont voulu limiter son accès pour les mineurs. Mais ces gouvernements ont dû faire marche arrière grâce à des mobilisations massives de la population. Ces exemples illustrent à quel point nos conquêtes sociales ne peuvent être maintenues que si nous nous organisons et que nous luttons à cet effet.
L’arrivée de Trump au pouvoir aux USA a signifié des attaques immédiates sur les femmes, notamment par rapport au droit à l’avortement. En 2016 déjà, de nombreux Etats avaient voté des lois restreignant le droit à l’IVG. Le lendemain de son investiture, Trump signait un décret arrêtant le financement de toutes les ONG internationales soutenant l’avortement. Là aussi, la résistance est nécessaire et se construit. Après des manifestations massives le 21 janvier et le 8 mars, un appel à la grève et à la mobilisation a été lancé à travers le pays pour le 1er mai 2017. Seul un mouvement de masse est capable d’arrêter Trump, sa politique réactionnaire et d’austérité.
Même si pour certains, les mouvements anti avortements ne représentent aucun danger aujourd’hui en Belgique, lutter contre leur idéologie est une nécessité afin d’éviter qu’elle ne se répande. Les militants anti-avortement essaient de diffuser leurs idées réactionnaires en prenant appui sur la crise économique et ses conséquences. Ils dénoncent certains problèmes bien réels comme le manque de structures de soutien accessibles pour les familles ayant des enfants handicapés, mais instrumentalisent cette situation pour essayer de limiter le droit des femmes à disposer de leur propre corps. Leurs « solutions » sont fausses et dangereuses, car l’interdiction du droit à l’avortement n’empêche pas qu’il soit pratiqué, cela le rend simplement plus dangereux, voire mortel pour les femmes.
IVG en Belgique : droit ou faute non punissable ?
En Belgique, le droit à l’avortement n’est pas tout à fait acquis au niveau légal. Il est pratiqué relativement librement jusqu’à 12 semaines de grossesse, mais c’est toujours le médecin qui légalement décide si oui ou non la femme a le droit d’avorter. L’IVG est encore dans le code pénal et donc punissable par la loi. En effet, la loi de 1990 ne prévoit que des exceptions pour lesquelles les femmes ont le droit de légalement avorter : « toute femme enceinte se trouvant en situation de détresse ». Cela peut être interprété de manière large ou non, en fonction de la situation politique et économique. Pourtant, l’avortement devrait être un choix libre. Il fait partie des droits de la femme à pouvoir disposer de son corps.
Depuis 2016, une nouvelle campagne est lancée pour demander le retrait de l’avortement du Code pénal (http://www.manifestedes350.be). La campagne ROSA soutient cette initiative. Mais cela n’est pas suffisant. Nous voulons également lutter pour le droit complet des femmes à pouvoir disposer de leur corps, ce qui veut dire avoir le droit d’avorter, mais aussi avoir un accès facile aux centres pratiquant l’avortement.
En Belgique, les IVG peuvent être pratiquées dans des centres de planning familiaux ou dans certains hôpitaux (mais il faut se renseigner avant par soi-même, car il n’existe pas de liste des hôpitaux pratiquant l’avortement). La majorité d’entre eux ont lieu dans des plannings. Cependant, les dernières mesures d’austérité appliquées par le gouvernement dans le non marchand – 902 millions d’économies annoncées en octobre 2016 – risquent d’avoir des conséquences également dans les centres de planning. Nous revendiquons donc un refinancement de tout le secteur non marchand à hauteur de ses besoins. Il nous semble important que les militant(e)s Pro-Choix participent aux mobilisations syndicales de ce secteur qui lutte pour de meilleures conditions de travail et donc un meilleur accompagnement des usagers.
Nous sommes Pro-Choix
Si nous luttons de manière inconditionnelle pour le droit à l’avortement, nous luttons également pour le droit à avoir des enfants sans risquer de tomber dans la pauvreté. La lutte pour le droit au choix n’est pas du tout terminée. Les bases matérielles pour réellement pouvoir choisir ne sont pas présentes aujourd’hui. Le manque de crèches et d’écoles, de services publics, de logements sociaux, d’emplois décents, d’institutions accessibles et de qualité,… plonge de nombreux parents dans la pauvreté.
Permettre un choix réel nécessite une société où avoir des enfants et les élever n’implique pas de s’appauvrir. Cela empêcherait que des femmes se voient contraintes à avorter uniquement pour des raisons financières. La défense du droit au choix est donc liée à la défense de nos conquêtes sociales et de nos services publics, ainsi qu’à la lutte contre l’austérité et pour l’obtention des revendications suivantes :
- la construction de crèches publiques et un refinancement public massif de l’enseignement
- la construction de logements sociaux
- la réduction collective du temps de travail : 30h/semaine sans perte de salaire et avec embauches compensatoires
- l’augmentation des allocations
- une contraception gratuite à tous âges, …
Contre l’austérité, nous avons besoin d’un plan d’action !
Un tel programme semble impossible en période de crise économique. Les partis traditionnels qui protègent les intérêts du patronat veulent nous faire croire que l’argent manque et que chacun doit faire un effort pour éviter le chaos. Mais de l’argent, il y en a ! Alors que la majorité de la population s’appauvrit, une infime minorité s’enrichit.
C’est pourtant aux riches – les vrais responsables – de payer pour la crise ! C’est possible, en nationalisant les banques et en créant un secteur financier public démocratiquement géré. C’est également possible en reprenant en main les secteurs-clés de l’économie, sous gestion publique démocratique. Mais ni les patrons ni les politiciens ne nous offriront ces moyens. Nous avons besoin d’un plan d’action sérieusement construit et allant crescendo afin de défendre nos conquêtes sociales et d’en obtenir de nouvelles.
Le capitalisme ne permet aucun choix réel
Pour pouvoir faire un choix réel et disposer complètement de notre corps, il nous faut une société qui se base sur les besoins et les capacités des personnes et non pas sur la course aux profits. Souvent, les femmes ont à supporter – en plus de leur travail – la majorité des tâches ménagères, ainsi que la prise en charge des enfants, de membres de la famille malades, des parents âgées,… Concrétiser le slogan ‘‘Mon corps, mon choix, ma liberté’’ ne sera possible que dans une société où ces différentes tâches seront collectivement prises en charge. Nous avons besoin d’une société socialiste où l’économie est au service des travailleurs et de leurs familles et non pas l’inverse.
Jamais nous ne voyons les militants auto-proclamés ‘‘pro-vie’’ se mobiliser pour ces revendications ! Ils ne sont présents que devant les centres pratiquant des IVG ou lors de leur soi-disant « Marche pour la Vie » afin de culpabiliser les femmes qui avortent. Nous ne pouvons pas rester sans réponse face à la diffusion de leurs idées. Organisons-nous !