Les avancées clés pour les droits LGBTQI+, avec notamment les gains de l’ère Obama comme les toilettes accessibles aux personnes transgenres dans les écoles, sont menacées dès les premières semaines du mandat de Trump.
Alors que nous sommes en pleine saison des Pride un peu partout dans le monde (dont celle de Bruxelles où la campagne ROSA était présente), il est critique pour notre mouvement que les événements de cette année deviennent politisés en réponse aux attaques contre notre communauté, avec des marches planifiées, même formellement transformées en manifestations. Nous pouvons utiliser les Pride comme un bloc de lancement pour un mouvement LGBTQI+ revitalisé pour faire face à Trump et lutter pour notre libération, en solidarité avec tous les travailleurs qui luttent contre ces dangereux populistes de droite, aux États-Unis ou ailleurs.
Des attaques à tout va
Trump se déplace rapidement vers un agenda anti-LGBTQI+. En mars, il a supprimé les protections LGBTQI+ pour les employés fédéraux et a annulé l’ordonnance sur le salaire équitable et les lieux de travail sécurisés que le président Obama a émis en 2014. Cette dernière ordonnance du gouvernement fédéral obligeait les entreprises à se conformer aux diverses protections des travailleurs fédéraux, y compris une interdiction de la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre.
Trump a menacé également de coupes budgétaires d’un milliard de dollars dans les recherches financées par les Instituts nationaux de santé, y compris des initiatives visant à aider les personnes vivant avec le VIH / sida. Les jeunes LGBTQI+ sont également dans le collimateur de Trump, et ils auront besoin de toute notre solidarité dans leur lutte contre la secrétaire à l’éducation, Betsy DeVos.
Au Michigan, l’argent de la famille DeVos a financé une dérogation pro-harcèlement qu’ils ont justifiée comme étant favorable à « l’expression des élèves aux croyances religieuses», adoptée en 2012 par le Sénat. DeVos a maintenant le pouvoir fédéral et est à la tête du ministère de l’Éducation, mettant tous les jeunes LGBTQI+ à un risque plus élevé d’intimidation et d’harcèlement ainsi que des taux plus élevés de dépression et de suicide.
DeVos a également soutenu Trump sur la suppression du ‘Titre IX’ de l’administration Obama qui permettait l’inclusion des personnes transgenres dans divers lieux publics, menaçant la sécurité quotidienne des étudiants transgenres qui veulent simplement utiliser des toilettes conformes à leur sexe. Les gains récents gagnés par nos mouvements, tels que les protections au niveau fédéral pour les étudiants transgenres, sont en train d’être supprimés.
Il est vrai que Trump a déclaré lors de sa campagne être personnellement indifférent au choix de toilette qu’une personne utilise, mais ses actions (ainsi que celles de son cabinet) ont clairement montré que son programme réactionnaire cherchait à saper les droits et gains des personnes LGBTQI+. Nombre de ‘bathroom bills’ (les lois sur l’accès aux toilettes des personnes transgenres-elles peuvent être positives ou négatives à cet accès) sont menacées d’être supprimées, un changement inspiré par la montée de Trump et Pence à la Maison-Blanche, avec 16 États qui envisagent déjà une législation anti-transgenre pour limiter l’accès aux toilettes ou à d’autres installations séparées par genre en 2017.
Ces attaques sont mises en avant par les mêmes bigots de droite qui travaillent sans relâche pour annihiler les droits de reproduction des femmes un état à la fois. Pendant ce temps, le fanatisme de toute sorte est encouragé par l’administration, et les crimes haineux sont en hausse dans le pays.
Leçons de la lutte contre Reagan
Ce n’est pas la première fois que la communauté LGBTQI+ est confrontée à un président réactionnaire de droite. Sous Ronald Reagan, le mouvement LGBTQI+ a démontré comment gagner des victoires dans un environnement hostile. Reagan «ne pouvait pas tolérer» un style de vie gay, alors que son directeur de communication, Pat Buchanan, déclarait que le sida était «la vengeance de la nature contre les homosexuels».
Les opinions homophobes de Reagan ont été prouvées par ses quatre années d’inaction face à l’épidémie mortelle du HIV / sida durant les années 1980. Mais un mouvement de masse international des LGBTQI+, de la classe ouvrière, s’est organisé, dont ACT UP (AIDS Coalition to Unleash Power1), dénonçant les allégations erronées sur la transmission du HIV et le silence mortel du gouvernement.
Dans leur action coordonnée, le 11 octobre 1988, « Prenons le contrôle de la FDA » (ndT : FDA- l’administration fédérale de contrôle des drogues aux États-Unis), des centaines de militants ont envahi le siège de la FDA pendant une durée suffisante pour couvrir le bâtiment de graffitis et bannières d’ACT UP avec des messages comme « Le gouvernement a du sang sur les mains. Une personne meurt du sida toutes les trente minutes » et « Nous reconnaissons toute mort du sida comme un acte de violence raciste, sexiste et homophobe ».
Le mouvement a considérablement sensibilisé le public et l’administration Reagan a été forcée d’accélérer les progrès sur le HIV et la recherche sur le sida ou risquait d’être davantage exposé à la résistance de masse.
Unissons nos luttes !
Ces mouvements qui ont été construits dans la rue nous ont permis de poser une menace crédible à l’establishment et d’obtenir des gains majeurs. Sans aucun doute, l’administration Trump présente de nouveaux défis. Pour vaincre l’agenda de Trump, nous devons unir nos luttes : la destruction des « Planned Parenthood » (plannings familiaux), par exemple, est une bataille clé qui doit être combattue par la communauté LGBTQI+ aux côtés des femmes de la classe ouvrière.
L’élection de Trump représente un danger clair pour les personnes LGBTQI+, les femmes et les travailleurs en général, et nous avons besoin de l’unité maximale en action pour résister ensemble à cette attaque de droite dure. Bien que nous ayons besoin d’une large unité, le mouvement LGBTQI+ sera le plus fort lorsqu’il ne limitera pas sa lutte à ce qui est acceptable pour l’establishment du Parti démocrate.
À l’heure actuelle, (et pendant le mandat d’Obama également), les personnes transgenres sont confrontées à trois fois le taux de chômage habituel et à des violences sexuelles et policières élevées, alors que les problèmes de soins de santé, de logement et de santé mentale continuent d’être endémiques dans la communauté LGBTQI+. L’évolution récente du mouvement des droits des personnes transgenre a déjà conduit à des gains importants en matière de visibilité tout en renouvelant l’esprit de combat de la communauté LGBTQI+ dans son ensemble.
Alors que les dirigeants démocrates reculent, s’ostracisant de la lutte pour les droits transgenres, une couche radicalisante du mouvement LGBTQI+, souvent menée par de jeunes activistes transgenres commence à se battre sur une base plus indépendante et à réaliser des progrès substantiels, bien que l’inégalité, la discrimination et la violence continuent de nuire à notre communauté.
Nous avons besoin d’un programme politique qui reconnaisse les difficultés sociales et économiques de la communauté LGBTQI+, et nous avons besoin de revendications claires. Nous devons demander à tous ceux qui se disent supporters de notre cause de nous aider à nous battre pour des gains réels. C’est le mouvement de masse pour le mariage homosexuel qui a poussé l’évolution d’Obama sur le sujet, et de son soutien à la cause. Toutefois, Obama ne s’est pas exprimé alors que la Californie a passé son infidèle « Prop. 8 », (qui interdit temporairement le mariage homosexuel) et a menacé de faire reculer le mouvement entier. Il n’a d’ailleurs été favorable au mariage qu’après un soutien majoritaire de la population pour une telle demande.
Les politiciens écoutent un peu trop souvent le mouvement une fois seulement qu’il est devenu trop fort pour être ignoré… Nous ne pouvons pas compter sur eux : nous devons continuer à organiser et construire à la base et forcer la main des politiciens démocrates tout en luttant contre la droite et pour des demandes plus radicales basées sur les intérêts de notre classe.
Politiser la Pride
Il est important que les diverses Pride reprennent un caractère plus activiste, ce qui peut à la fois revitaliser le mouvement et repousser la commercialisation qui court ces dernières années. Nous devrions utiliser la Pride de cette année pour aider à construire le mouvement plus large contre Trump et pour des demandes qui passent de la défense à l’attaque : aller au-delà de la lutte pour l’acceptation, vers la lutte pour des lois anti-discriminations et anti-harcèlements ; pour des conseils gratuits et accessibles pour les jeunes LGBTQI+ ; pour une chirurgie de réassignation sexuelle gratuite et accessible et des solutions réelles au problème de logements pour les LGBTQI+ (faisant souvent face au rejet parental et au risque d’être sans-abri)…
La résistance au populisme de droite réactionnaire doit aussi être internationale, et de nombreuses Prides dans le monde se politisent également contre la montée des gouvernements de droite. Au Brésil, la violence brutale contre les personnes transgenres et LGBTQI+ ces dernières années a encore été intensifiée avec l’administration ‘intérimaire’ de Temer qui est aujourd’hui au pouvoir.
Le mouvement LGBTQI+ et le mouvement des femmes au Brésil luttent à travers la politisation des défilés de la Pride, y compris le Carnaval, qui devient de plus en plus une expression de lutte contre les politiques réactionnaires, malgré que l’événement ait une histoire et des racines catholiques profondes.
L’oppression brutale des personnes LGBTQI+ en Tchétchénie a également conduit à des manifestations à l’échelle mondiale, exigeant la fin de cette violence horrifique et des arrestations par le gouvernement Pro-Poutine de Ramzan Kadyrov. Le moyen le plus puissant de défendre la communauté LGBTQI+ contre les attaques futures est par l’existence et la construction d’un mouvement ouvrier de grande envergure qui se bat pour la libération LGBTQI+ et développe l’unité maximale autour d’une lutte collective.
Par exemple, la lutte pour les soins de santé peut réunir des millions de travailleurs qui s’opposent au ‘Trumpcare’, mais qui veulent aussi des soins authentiques abordables et universels, ce qui profitera également aux personnes LGBTQI+. Nous pouvons unir nos luttes en exigeant un salaire minimum de 15 $, pour des logements abordables et en nombre et une éducation publique gratuite.
Dans le même temps, un mouvement plus large peut se battre côte à côte avec nous contre les ‘bathrooms bills’, les attaques contre les droits des personnes transgenres sur les lieux de travail et d’autres lois réactionnaires anti-LGBTQI+. Si vous désirez aider à la construction d’une lutte puissante, pour les droits de la communauté LGBTQI+, pour les droits des femmes et les droits des travailleurs au sein d’un large mouvement mené par la classe ouvrière et les jeunes de tous les genres et toutes les identités sexuelles, rejoignez la campagne ROSA !
RDV ce 12 aout à Anvers pour la Pride !
Le capitalisme porte en lui l’intolérance et l’inégalité. Il s’appuie sur les stratégies de divisions et sur les structures hiérarchiques de l’église et de la famille, afin qu’une élite dirigeante super-riche puisse défendre son système dysfonctionnel et massivement inégal.
La fin de l’homophobie, de la misogynie et de la droite réactionnaire représentée par les Trump un peu partout dans le monde nécessitera la fin du capitalisme et, à sa place, une société socialiste basée sur l’égalité, la démocratie et la solidarité.