« Nous sommes ici aujourd’hui pour dénoncer les violences qui ont tué Zak. Violence homophobe, sérophobe, mais aussi violence contre une personne marginalisée, précarisée.
Nous sommes ici pour dénoncer la violence économique et sociale qui permet au racisme, au sexisme, à la LGBTQI+ phobie, de grandir toujours plus ; et qui permet à l’extrême-droite de se développer aussi, sur un terreau fertile de haine et de division.
Dans le contexte d’une crise économique sans précédent dont la Grèce est victime maintenant depuis des années, des attaques comme Zak l’a vécu se normalisent. Ca peut se passer en plein jour, en plein centre d’Athènes, avec l’aide implicite de la police, qui peut continuer à maltraiter la personne alors qu’elle est en sang, et à terre.
Ca peut devenir aussi normal de menotter quelqu’un qui a besoin d’une aide médicale d’urgence, et que les brancardiers deviennent eux-mêmes le relais d’une telle violence. La violence d’extrême droite se normalise aussi quand on sait que l’une des deux personnes qui a tabassé Zak, le propriétaire d’une agence immobilière, était un cadre du « Front Patriotique », un groupe d’extrême droite,
Que deux des médecins légistes qui ont déclaré que Zak était mort d’une « cause indeterminée » sont des sympathisants d’Aube Dorée, Un parti néonazi qui avait en 2012 récolté jusque 6.5 % dans les élections nationales, Et que ce même parti est allé « manifester » devant la boutique où Zak a été tué en scandant des messages de haine (« Camés et pédés, vous n’êtes pas nécessaires. Anarchistes, fils de p… »).
Et c’est normaliser quand tous les médias grecs et le représentant du syndicat de la Police grecque justifient le comportement des policiers et qualifie leur violence de légitime.
Il faut dénoncer cette violence ignoble dont Zak a été victime mais il faut aussi pointer du doigt ce qui permet à cette violence de se normaliser.
Le sigle de ROSA signifie Résistance contre l’Oppression le Sexisme et l’Austérité, Nous sommes contre la politique d’austérité qui depuis 2008 précarise toujours plus la majorité de la population, en Grèce mais aussi en Belgique et ailleurs.
En Grèce, le FMI, la BCE et la Commission Européenne ont négocié 289 milliards d’euros de prêts de 2010 à 2015, qui ont été versés en contrepartie de réformes structurelles à l’impact social dramatique. Le Parlement grec en a voté 450.
Dans la réalité, cela veut dire une pauvreté et un chômage qui explosent, une croissance artificielle, la pension moyenne a chuté de 40% depuis 2010, qui est de 633 euros par mois aujourd’hui !
Cette politique de casse sociale, de nos acquis sociaux est justifiée par le soi-disant besoin de « faire des économies le temps d’aller mieux et de sortir de la crise »
Mais en attendant, cette politique précarise tout le monde,
Précarise aussi surtout les femmes ; qui sont plongées toujours plus dans la misère et qui cherchent des solutions encore plus extrêmes pour survivre, comme on le voit en Grèce avec l’augmentation de la prostitution comme effet parallèle à la crise, -150 % d’augmentation depuis 2012 (et en 2015, Libération titrait : « En Grèce, une passe pour le prix d’un sandwich »).
Une telle violence économique amène à des situations de violences sociales. Les femmes perdent leur indépendance économique, deviennent de plus en plus dépendantes de leur conjoints, et s’ils sont violents, alors ca devient extrêmement difficile de s’échapper, faute de logements sociaux, logements d’urgences, d’allocations à la hauteur des besoins, etc. Et c’est la même chose pour les personnes LGBTQI+ qui sont victimes de violences, mais qui sont aussi pour la majorité précarisés, comme Zak l’était.
C’est sur un tel cimetière social que l’extrême droite et ses idées nauséabondes surgissent, comme Aube Dorée. Diviser pour mieux régner, trouver le bouc émissaire parfait pour détourner l’attention des réels problèmes sociaux. Les idées d’extrême droite empoisonnent ainsi toute la société, et la peur de l’autre devient la donne.
Pour la campagne ROSA, les discriminations ne sont pas de l’ordre de l’individu mais bien un problème de société
Face aux attaques sociales, tous ensembles, nous devons nous mobiliser, nous unifier, contre les violences, et contre le désert social sur lequel ces discriminations fleurissent.
Un peu partout dans le monde, les femmes, les personnes LGBTQI+, les gens de tous âges, de toute origine, se mobilisent, depuis les women march, le mouvement ni una menos, metoo, et en grèce aussi, des centaines de personnes ont manifesté à Athènes en soutien à Zak.
En Belgique aussi l’austérité du gouvernement Michel a eu un impact sur l’ensemble de la population depuis 2014 : attaques sur les crédits-temps, augmentation des taxes/impôts, gel des salaires, attaques sur nos pensions, attaques sur les allocations…La liste est longue. On doit donc nous aussi nous mobiliser en Belgique.
L’année dernière nous avons organisé des marches un peu partout avec ROSA, à Bruxelles, à Gand, à Anvers, à Namur, etc. à l’occasion du 8 Mars, la journée internationale pour les droits des femmes. Nous devons cette année de nouveau utiliser une telle date comme le 8 Mars pour montrer que nous sommes unifiés
Face aux discriminations, contre les politiques qui nous appauvrissent toutes, et tous. Nous disons STOP à la LGBTQI+ phobie, STOP au sexisme, STOP au racisme, STOP à l’austérité !
En Belgique mobilisons nous ! Signez notre appel du 8 Mars avec la Campagne ROSA. Mais aussi, rendez-vous le 25 Novembre pour la manifestation nationale contre les violences faites aux femmes.
Et vive la solidarité internationale contre toutes les discriminations ! En Grèce, au Brésil, en Irlande, en Pologne, aux USA, en Belgique, partout ! »